Géopolitique de la francophonie: Paris déjà «has been»

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Publié 03/04/2012 par Guillaume Garcia

Francophonie: ensemble des pays qui ont en commun l’usage, total ou partiel, de la langue française. En elle-même, la définition n’apporte pas de réponse claire à la question que tout le monde se pose. Mais qu’est ce que ça veut dire «la francophonie»? Le mot en lui-même est apparu au XIXe siècle dans le langage des géographes et a été popularisé par Léopold Sédar Sanghor, qui lui aurait pourtant préféré le terme francité.

La Semaine de la francophonie représentait une belle occasion de se pencher sur la géopolitique de la francophonie, ou comment fonctionne la francophonie dans le monde.

Jean-Michel Djian, rédacteur en chef de la radio française France-Culture et ancien rédacteur en chef du Monde éducation et culture a offert au public de l’Alliance française un décryptage d’un monde nouveau où le français se conjugue avec la diversité culturelle, lors d’une conférence intitulée Géopolitique de la langue française dans le monde.

Avant même que le terme francophonie n’existe, la France rêvait déjà de rayonnement international, et y parvenait plutôt bien! Sa culture, sa langue et pour beaucoup sa littérature lui ont permis d’y parvenir, le français étant même devenu la langue officielle de la diplomatie internationale. Aujourd’hui, tout est bien différent.

Selon Jean-Michel Djian, la «francophonie» se défend de manière pudique parce qu’installée sur des ressorts qui lui correspondent difficilement. «La francophonie est une organisation politique, alors que ce sont les poètes et les écrivains qui sont les mieux placés pour défendre une langue», dit-il.

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Alors que la France n’a jamais été championne dans la reconnaissance d’une francophonie internationale qui pourrait lui faire de l’ombre, un peu comme le Québec qui perd une grande partie de son argumentaire francophone s’il parle trop des francophones partout au pays, la langue française a été portée par des auteurs, penseurs de pays francophones qui la font rayonner. «Aujourd’hui, partout dans le monde il y a un activisme francophone littéraire qui s’est emparé du marché», poursuit le conférencier.

Portée par le Québec et les pays d’Afrique, la francophonie ne se vit pas de la même manière partout. Le Québec vit sa francophonie pour résister, ce qui est très différent de la situation en France, où personne ne craint une quelconque assimilation.

«On vit sur l’idée que nous sommes les meilleurs et ces certitudes nous éloignent de la mondialisation», avoue Jean-Michel Djian. À grands coups d’anecdotes, il explique comment la langue française évolue dans la francophonie, comment elle se normalise différemment selon les pays.

«En France, la normalisation se fait sur un espace-temps beaucoup trop long et ce ne sont jamais les puristes qui gagnent, ce sont ceux qui créent.» Il fait référence ici aux nombreux équivalents de l’Office québécois de langue française, qui se trouvent au niveau des ministères en France et qui proposent des mots, à terme validés par l’Académie française. Oui, mais entre temps, les Français ont créé ou emprunté d’autres mots. C’est le cas avec le mot podcast par exemple qui n’a toujours pas d’équivalent en français en France.

Jean-Michel Djian défend l’idée que le français, où qu’il se pratique, c’est l’imaginaire commun qui le fabrique et non le politique. C’est pour cela que la géopolitique du français ne passe plus par un Paris trop coincé dans son carcan administratif dépassé.

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Le français se conjugue désormais à tous les temps et dans toutes les langues. On peut mélanger du français et des dialectes africains, du français et «québécois», et de l’occitan, et pourquoi pas du verlan (spécialité française!)

En finissant sur la question de l’anglicisation de la langue française, Jean-Michel Djian a indiqué que l’anglais pouvait se retrouver dans des mots, mais ne cassait en rien la syntaxe française très particulière. Espérons que le futur lui donne raison.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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