Vives réactions à la manifestation contre le bilinguisme à l’Hôpital de Cornwall

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Publié 07/03/2012 par François Bergeron

Une manifestation contre le bilinguisme à l’Hôpital communautaire de Cornwall a déclenché un mouvement francophone de solidarité à travers la province.

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) a lancé le mouvement «Solidarité Cornwall» sur son site Internet et via les médias sociaux, suite au geste posé par environ 150 personnes en fin de semaine dernière.

L’AFO invite les gens à se montrer solidaires en offrant un don à la fondation de l’Hôpital. Au début de l’année, un médecin de l’Hôpital avait suggéré de boycotter la campagne de fonds de la Fondation pour protester contre l’embauche systématique de personnel bilingue. Il se serait ravisé depuis.

«Il est temps de rappeler que l’Hôpital communautaire de Cornwall est né de la fusion de deux hôpitaux, l’un francophone et l’autre anglophone, et que cette fusion n’a en rien affecté les droits linguistiques des francophones de la région», explique Denis Vaillancourt, le président de l’AFO.

À l’antenne de Radio-Canada, le député fédéral conservateur d’Ottawa-Orléans, Royal Galipeau, a condamné le mouvement d’opposition au bilinguisme. «Malheureusement, encore de nos jours, il y a des nigauds qui continuent de croire que le Canada devrait être un pays d’une seule langue», a-t-il dit.

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«Il est grand temps de mettre fin à la polémique», croit M. Vaillancourt. «À Cornwall, comme partout ailleurs dans la province, les francophones et les anglophones croient à la dualité linguistique qui est et reste une valeur nationale au Canada et ils en sont fiers. Il est grand temps d’arrêter ces batailles, reliques du passé, l’heure a sonné pour favoriser à la fois le respect, la diversité et le maintien d’une cohésion collective au sein de notre société bilingue en Ontario.»

La désignation de l’Hôpital communautaire de Cornwall en vertu de la Loi sur les services en français est une directive qui a été émise par le ministère de la Santé et des Soins de longue durée lorsque l’Hôpital Hôtel-Dieu et l’Hôpital général de Cornwall ont été fusionnés pour créer l’Hôpital communautaire de Cornwall.

Politique d’embauche flexible

L’Hôpital se conforme depuis janvier à la Loi sur les services en français de l’Ontario. Cela signifie qu’elle doit «tenir compte» des compétences en français dans sa politique de recrutement et d’embauche. Certains manifestants de la fin de semaine demandaient que la province abolisse la Loi sur les services en français.

Malgré cela, ce ne sont pas tous les postes qui nécessitent que les candidats parlent le français, lit-on dans la foire aux questions sur le site web de l’Hôpital: «Les compétences linguistiques en français ne sont pas requises pour les postes dont les titulaires ne sont pas en contact direct avec les patients ou les membres de la communauté. Aussi, dans les services où il y a un nombre suffisant de personnel bilingue pour satisfaire aux besoins en matière de communication, il n’est pas nécessaire pour les nouvelles recrues de parler le français.»

L’institution précise qu’en 2011, «nous avons dû pourvoir 217 postes à l’Hôpital. De ceux-ci, 132 nécessitaient des compétences en français et 57 d’entre eux ont été comblés par des candidats qui détiennent les compétences requises en français. (…) Cette divergence existe parce que l’Hôpital a souvent de la difficulté à trouver des candidats qui satisfont aux exigences cliniques et professionnelles en plus de détenir les compétences linguistiques requises. Les postes sont alors comblés par des candidats unilingues.»

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En 2009, le Conseil d’administration a même amendé la politique d’embauche de l’Hôpital afin de tenir compte de l’expérience et de la formation du personnel unilingue à temps partiel. «Cette mesure avait pour but d’éviter que la candidature du personnel d’expérience ne soit pas considérée en raison des exigences en matière de compétences linguistiques», lit-on encore dans le site.

On explique aussi que si la signalisation et les communications avec le public doivent être dans les deux langues, l’Hôpital «n’est pas tenu d’exercer ses fonctions administratives en français». De fait, «la langue d’administration de l’Hôpital communautaire de Cornwall est l’anglais, y compris les dossiers administratifs et des patients».

Incompréhension

La semaine dernière dans son blogue, le commissaire aux services en français de l’Ontario, François Boileau, se désolait «de constater que le faux débat entourant les services en français à l’hôpital communautaire de Cornwall fait toujours la manchette».

Il se dit surtout «perplexe par le niveau d’incompréhension de certains: tout d’abord, par rapport aux efforts de ce centre hospitalier de bien servir l’ensemble de ses patients, puis, quant à la désinformation concernant la raison pour laquelle la Loi sur les services en français a été adoptée à l’unanimité par nos élus».

Il était important aux francophones de pouvoir s’exprimer et se faire comprendre en français, précise François Boileau, «car en recevant des soins de santé, le citoyen est dans une position de vulnérabilité et de lui demander de dialoguer dans une langue seconde est une proposition risquée qui, dans bien des cas, peut mener à des erreurs graves dont les conséquences peuvent être très sérieuses».

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«Plusieurs refusent de comprendre que la qualité des soins aux patients doit primer, que ces derniers soient anglophones ou francophones», dit-il, faisant écho aux commentaires de Roy Perkins, le président de la Fondation de l’hôpital, le médecin-chef Ashley Cook et la ministre déléguée aux Affaires francophones, Madeleine Meilleur.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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