Depuis le milieu du XIXe siècle, la tendance est à l’exode rural massif en faveur des villes, où l’emploi et de meilleures conditions de vie ont vidé les campagnes de leur population. Pourtant, et c’est de moins en rare, certains citadins repartent vers les campagnes apprécier le calme, la verdure et une tranquillité accrue pour élever leurs enfants. Cela ne se fait pas forcément sans accroc, comme le montre indirectement Jennifer Tremblay dans sa pièce La Liste mettant en vedette Sylvie Drapeau et présentée au Théâtre français de Toronto jusque dimanche dernier.
Mère de trois enfants, le personnage joué par Sylvie Drapeau a réussi à convaincre son mari de partir en campagne pour retrouver une vie faite de petits plaisirs simples. Elle croyait le garder à la maison en l’enlevant du brouhaha de la ville, mais il est toujours aussi absent, absorbé par son travail et usé de faire le trajet en voiture jusqu’à la ville.
Dans un décor qui semble simpliste, mais ne l’est pas, Sylvie Drapeau nous raconte sa vie et son quotidien, hantée par la mort d’une des villageoises, son amie Caroline, dont elle se sent responsable. Nous découvrons tout au long de la pièce les raisons qui la poussent à se sentir responsable de la mort de sa seule amie dans le village.
Parce que le problème se trouve bien là. En retournant à la campagne, la vie du personnage joué par Sylvie Drapeau s’est heurté à une réalité que la plupart des citadins ont oubliée et qui comporte des bons et des mauvais côtés.
Les mauvais représentent une proximité et une interrelation entre les habitants que les urbains ne connaissent plus malgré le fait qu’ils s’entassent dans des immeubles, collés les uns sur les autres. Ici, tout le monde sait qui est qui, qui fait quoi et qui pense quoi. Ça jase, ça raconte les derniers ragots…