De l’allemand au français

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Publié 25/10/2011 par Martin Francoeur

Ne m’en voulez pas! J’ai sauté une semaine… J’étais sur le vieux continent pour un séjour de trois semaines en Allemagne et en Scandinavie. Un voyage que je souhaitais faire depuis longtemps et que j’ai finalement décidé de concrétiser.


Ces vacances m’ont fait le plus grand bien! Et elles m’ont permis de trouver l’inspiration nécessaire pour une chronique.


En séjournant en Allemagne, j’ai remarqué que certains mots français étaient employés tels quels dans la langue de Goethe. Et j’ai aussi eu l’idée de voir quels étaient les mots allemands que nous utilisons en français.


Quel ne fut pas mon étonnement d’apprendre, de la bouche même d’un ami installé à Berlin, que les Allemands utilisaient le mot «portemonnaie» tel qu’on le connaît en français.


Il arrive parfois qu’on observe des variantes graphiques (comme portmonee) mais les germanophones tentent tant bien que mal d’utiliser la prononciation la plus française possible.


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Il est intéressant de voir qu’en de nombreux stands de restauration rapide – où on sert surtout des saucisses –, on utilise le terme «pommes frites» pour désigner les frites. Avec un petit accent et le tour est joué! Les stands en question se trouvent sur le trottoir, un autre mot français que les Allemands utilisent volontiers.


Dans le vocabulaire de la cuisine, de nombreux mots français ont traversé le Rhin pour être employés en Allemagne. C’est le cas des
 crepes (pour désigner les crêpes), de la creme brulee (qui a aussi perdu ses accents en passant dans la langue allemande), ou encore de la puree, qui a pourtant un équivalent en allemand.


Un plat peut vous être servi avec de la Bechamelsosse, qui n’est nulle autre que de la sauce Béchamel. Au dessert, on peut vous proposer un baiser, qui désigne une sorte de meringue.


Il y a bien sûr d’autres mots français utilisés en allemand. Notons par exemple le savoirvivre ou encore l’expression la c reme de la creme.


En revanche, le français compte beaucoup de mots d’origine allemande. Des termes comme blocus, potasse, trinquer, valse, choucroute, sabre ou bivouac ont tous pour origine un mot allemand.


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Le vocabulaire de la forêt est largement inspiré de l’allemand. Des ouvrages nous apprennent que le houx, le gui, la bûche, l’osier, le roseau, l’aune, le saule et le hêtre ont tous une étymologie qui font état d’une origine germanique.


Plus rares sont les mots allemands qui ont transité directement vers le français, presque sans modifications orthographiques. On utilise bien le mot leitmotiv pour désigner un «motif conducteur» ou une «idée récurrente».


On emploie aussi le mot ersatz pour désigner un «succédané» ou un «pis-aller».


Souvent, la graphie allemande devient tout un défi pour les francophones qui doivent écrire des mots comme breitschwanz, qui désigne une variété d’astrakan; rottweiler, qui désigne un chien de garde de taille moyenne – le nom de la race vient de Rottweil, un nom de lieu; schlitte, qui désigne une sorte de traîneau; schnaps, qui est une sorte de boisson alcoolisée; schuss, qui désigne une descente directe en ski; ou encore gewurztraminer, une sorte de vin qui a donné au français un des mots les plus difficiles à écrire correctement!


Enfin, notons la curieuse histoire du mot vasistas, qui désigne un petit vantail mobile pouvant s’ouvrir dans une porte ou une fenêtre. Le terme vient étymologiquement de la question allemande: «was ist das? », qui signifie en français «qu’est-ce que c’est? ».


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Certains avancent qu’au temps de l’occupation napoléonienne de l’Allemagne, lors de l’invasion des troupes, les habitants s’exclamaient avec étonnement par les fenêtres «was ist das?».


André Jouette, dans son Dictionnaire des difficultés de la langue française publié chez Robert, nous dit que la langue allemande a fourni environ deux cents mots à la langue de Molière.


Si certains sont faciles à trouver en raison de leur orthographe déroutante, d’autres sont plus discrets.


Mais ils sont de formidables témoins de la perméabilité des langues, un domaine où le libre-échange est permis depuis longtemps…

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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