Goran Bregovic, l’idole des Balkans, revient à Toronto

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Publié 18/10/2011 par Guillaume Garcia

Monstre sacré dans son pays, et dans son ancienne région, les Balkans, le compositeur Goran Bregovic est également connu internationalement, pour sa musique et ses participations dans les films de l’autre vedette du coin Emir Kusturica. À eux deux, ils ont réussi à remettre cette zone sinistrée par de nombreuses années de guerre sur le devant de la scène. À chacune de leur prestation publique, les deux ovnis de showbiz peuvent compter sur la grande diaspora «Yougo» pour mettre le feu. Ne vous attendez à rien de moins au concert de Goran Bregovic qui aura lieu au Sony Center le 21 octobre.


Partageant sa vie entre Paris et Belgrade (Serbie), Goran Bregovic connaît bien Toronto, pour y être déjà venu plusieurs fois, la dernière c’était en 2009, pour un concert gratuit au Square Dundas. En plus de ses fans internationaux, le compositeur de la musique du Temps des Gitans avait pu compter sur le nombre et la passion de ses compatriotes des Balkans.


Une renommée internationale


Semi-exilé, Goran Bregovic a fait carrière sans compromettre sa culture et ses inspirations. Il met d’ailleurs un point d’honneur à les mettre en lumière sur les scènes du monde. «Les compositeurs se sont toujours tenus près de leurs sources et moi aussi. Si j’avais vu le jour il y a cent ans, je serais juste resté un compositeur local des Balkans, mais c’est merveilleux que le monde soit devenu ouvert et curieux et qu’il s’intéresse à une culture musicale qui est très petite comparée à des grandes cultures de l’Italie, l’Allemagne, la Russie. J’apprécie que cette curiosité fait que ma musique soit connue partout dans le monde. »


Outre ses musiques de films et ses albums, qui représentent 19 albums en tout, les apparitions de ses compositions dans de nombreux films lui ont procuré une visibilité énorme.


Aujourd’hui les DJ échantillonnent ses airs pour les mixer et les rendre plus accessibles au commun des mortels. La ferveur et les rythmes de la musique des Balkans attirent inexorablement les danseurs sur la piste. Goran se réjouit largement de cela d’ailleurs et explique pourquoi.


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«La musique des Balkans music se base sur des rythmes forts et complexes, c’est ce qui attire le public et invite à la danse. C’est très bien que les DJs aient commencé à s’y intéresser. Ils l’ont ouvert à un public jeune dans les discothèques. On m’a dit que la moitié de mon public au Lincoln Center à New York était composé de DJs. Cela a un effet de retour et nous donne à croire que la musique des Balkans apporte aussi quelque chose de nouveau. Gas-Gas (sur le disque ALKOHOL) est le premier morceau pour lequel ma maison de disques a donné la permission d’être remixé et je suis très satisfait de cette aventure avec Shantel (DJ Allemand d’origine roumaine, ndlr). Mes arrangements sont souvent assez baroques, et c’est bien que quelqu’un les simplifie des fois.»


Lorsqu’il compose, Goran Bregovic ne se soucie guère de l’utilisation que l’on fera de sa musique et choisit tout simplement de faire ce qu’il aime. Voilà certainement la recette du succès!


Une musique endiablée


«Je suis un compositeur contemporain qui écrit la musique avec une structure solide et qui n’est pas ennuyeuse. J’ai retenu une veine hédoniste depuis mes temps de rock n’ roll. Que j’écrive une mélodie enfantine simple ou bien des pièces complexes pour l’orchestre et chœur, il faut que je m’amuse.»


Pour le concert torontois, Goran ne s’attend pas à un spectacle calme, de toute façon il ne saurait pas faire, mais la grande concentration de populations originaires d’Europe de l’Est laisse présager un nouveau moment de folie, comme chaque fois qu’il met les pieds dans la Ville Reine.


Les gens d’Europe de l’Est, «on ne peut pas les rater – et pas seulement à Toronto – partout dans le monde: ce sont eux qui mettent le feu à la salle et aussi qui fichent le bordel», rappelle la vedette.


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Ému par ce qui est arrivé à son pays, Goran a tout de même choisi d’y vivre une partie de l’année, pour rester avec ses musiciens et collaborateurs. Philosophe, il revient sur ce choix forcé de l’histoire.


«On peut se demander pourquoi est-ce qu’une si grande partie de l’histoire est réservée aux artistes en exil? Je vis à Paris, car c’est un de rares lieux au monde ou être Yougoslave ne rime pas nécessairement avec voleur, plombier ou concierge… il est possible à Paris d’être Yougoslave et artiste. Mais puisque je suis un compositeur local, j’ai besoin du contact avec le terroir d’où vient ma musique – les Balkans. Alors, je travaille à Belgrade et passe mes vacances dans ma maison dans les hauteurs de Sarajevo ou bien sur la côte Adriatique.»


Goran Bregovic & His Wedding and Funeral Orchestra, le 21 octobre au Sony Center.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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