Écoles françaises à Toronto: les recommandations du commissaire bien accueillies

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Publié 05/07/2011 par Annik Chalifour

Suite à la publication, mardi 28 juin, du Rapport d’enquête du commissaire aux services en français François Boileau sur les écoles de langue française dans la région du grand Toronto, intitulé Quand le plus élémentaire devient secondaire, nous avons recueilli les réactions de Ronald Marion, président du Conseil scolaire public Viamonde, et de Réjean Sirois, directeur de l’Éducation du Conseil scolaire catholique (CSDCCS).

Bien que l’on apprécie les recommandations du commissaire réclamant des changements pour faciliter le transfert d’écoles entre conseils scolaires, «le rapport omet de référer à la réalité qui varie grandement d’un conseil à un autre et qui influence nos besoins respectifs», selon Ronald Marion.

«Les conseils scolaires francophones, Viamonde et catholique, sont en pleine croissance, tandis que le Conseil anglophone public (TDSB) est en décroissance», rappelle Ronald Marion.

Plus que 10 écoles, pas seulement à Toronto

«Notre conseil, nouvellement arrivé depuis 1998, est en pleine expansion, en train d’établir son réseau d’écoles en Ontario. Ce qui exige nécessairement plus de financement et non pas seulement à Toronto, mais à grandeur de l’immense territoire que nous desservons.»

Selon le président de Viamonde, le rapport du commissaire présente des recommandations à la lumière de 2011: «Le rapport mentionne que la communauté franco-torontoise a besoin de dix écoles de plus pour combler les besoins de la population à l’heure actuelle.»

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«Mais qu’en est-il du futur? La continuité de l’éducation de langue française représente le pilier de notre pérennité.»

«Et c’est justement cela qu’il faut garantir avec plus de moyens selon notre droit d’obtenir plus d’écoles de langue française de qualité», d’affirmer M. Marion, référant à l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés, sans oublier la Loi sur les services en français, et la Politique d’aménagement linguistique du ministère de l’Éducation.

Les écoles secondaires en priorité

Dans son rapport, le commissaire met l’accent sur le besoin d’acquérir en priorité plus d’écoles secondaires puisque «près de 20 % des élèves quittent les conseils scolaires francophones entre la 8e et 9e année pour se rediriger vers le réseau anglophone.»

Par contre, soulignons que l’un des premiers critères du choix de l’école pour les parents reste la proximité au domicile familial.

«Pourtant l’évolution de notre conseil, à ce stade-ci, requiert plutôt d’établir plus d’écoles élémentaires», a déclaré M. Marion. «Une fois que l’éducation publique sera bien établie dans les communautés, nous miserons sur l’acquisition d’écoles secondaires.»

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Cohabitation: ce n’est pas le premier choix

Cependant, vu la croissance continuelle de la population francophone à Toronto, le besoin d’y avoir plus d’écoles françaises au palier secondaire demeure un incontournable.

«Au cours des années, nous avons démontré notre volonté de coopérer avec les autres conseils en acceptant par exemple de partager les établissements, comme dans le cas du West Toronto Collegiate, où nous cohabiterons avec le conseil catholique à compter de septembre 2012», de mentionner M. Marion.

Mais le partage d’écoles ne fait pas nécessairement l’unanimité: «Notre priorité reste toujours de construire nos propres écoles, et ce, afin de protéger le caractère unique de notre conseil», a souligné Réjean Sirois, directeur de l’Éducation du CSDCCS.

«On attend donc les écoles et les fonds pour appuyer les projets que nous avons soumis au ministère, mais le nombre d’écoles dépend de la disponibilité et c’est cela le nœud du problème», a fait remarquer M. Marion.

Le contrôle au ministère?

Selon lui, c’est la mise en oeuvre du fameux Règlement 444/98 régissant la vente d’actifs, qui fait défaut. M. Marion affirme que «le ministère devrait être en mesure d’exiger la libération d’un édifice du conseil anglophone en faveur des conseils francophones».

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Le commissaire Boileau abonde dans le même sens: le ministère de l’Éducation, écrit-il, devrait avoir «le pouvoir d’ordonner aux conseils scolaires de vendre des sites inutilisés ou excédentaires dans des situations bien définies.»

«Ce sont les conseils scolaires qui ont le contrôle des immobilisations alors qu’en fait, ce devrait être la responsabilité du ministère de l’Éducation, puisqu’il constitue une partie impartiale dont la vision est axée uniquement sur l’éducation, et non sur les profits», justifie-t-il.

Le ministère a informé le Commissariat qu’il songeait à apporter des modifications au règlement…

Par ailleurs, M. Marion souligne que «les francophones ont également droit à des écoles salubres.On oublie qu’en plus de faire face à la recherche et à l’achat des bâtiments, nous devons, dans la plupart des cas, financer les travaux de rénovation».

Une responsabilité partagée

M. Sirois s’est dit favorable aux recommandations concernant le règlement, notamment à l’effet «qu’il devrait y avoir des limites établies concernant la durée pendant laquelle un conseil scolaire peut conserver une propriété inutilisée.»

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«Et aussi concernant la durée pendant laquelle une offre d’achat de propriété est valide avant qu’une transaction financière n’ait lieu, comme dans le cas de l’achat d’une maison», a-t-il accentué.

En ce qui a trait à la responsabilité du contrôle des immobilisations, le directeur de l’Éducation ajoute un bémol: «Je suis d’accord que le ministère ait un droit de veto, mais la responsabilité du parc immobilier devrait rester partagée avec les conseils.»

La DIF: un outil indispensable

«Nous sommes très fiers du rapport du commissaire, qui fait bien référence aux défis majeurs que nous avons rencontrés au cours des deux dernières années», a commenté M. Sirois.

«J’ai également noté avec grande satisfaction les commentaires du commissaire à l’effet que les statistiques actuelles sur la population franco-torontoise, ne reflètent pas la définition plus inclusive de la francophonie (DIF) en Ontario.»

La DIF s’avère être un outil essentiel pour déterminer le nombre des «ayants-droit» à l’éducation de langue française.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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