H1N1 en français: la nouvelle directive va dans le bon sens

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Publié 31/05/2011 par Guillaume Garcia

Le Commissariat aux services en français a publié récemment un rapport d’enquête sur un problème de communication survenu lors de la campagne de prévention de la grippe H1N1 de septembre 2009.

Le document, intitulé Rapport d’enquête – Dépliant unilingue anglais sur la grippe H1N1: des communications en voie de guérison, fait le bilan d’une situation qui a pénalisé les quelques 600 000 citoyens francophones de l’Ontario en matière d’information visant à protéger leur santé.

À l’époque, le commissaire François Boileau (photo ci-contre) reçoit des plaintes de la part des francophones et décide d’enquêter. La violation de la loi étant évidente, il entreprend de comprendre les mécanismes qui favorisent de telles violations et mauvais choix stratégiques. Depuis, le gouvernement a émis une directive obligatoire pour la communication en français de la part des ministères et des organismes affiliés. Le rapport traite également de l’application de cette directive et de ce qui peut encore être amélioré.

«Dès la réception de la première plainte, je me suis dit: OK, ce n’est pas la question de la violation de la loi, mais de savoir pourquoi. Les excuses fournies par les ministères n’étaient pas satisfaisantes et donc il fallait comprendre et aller au fond des choses», explique le commissaire aux services en français François Boileau. Le cas est malheureusement typique. En 2009, une vague de grippe H1N1 pourrait potentiellement frapper l’Ontario et le gouvernement décide d’envoyer un dépliant pour expliquer comment se protéger de la grippe. Le dépliant est unilingue en anglais. Des plaintes sont déposées au Commissariat des services en français. La violation de la loi sur les services en français ne fait aucun doute. Les francophones de l’Ontario sont laissés à l’écart de cette prévention.

Pas de listes de francophones

Le gouvernement indique qu’il ne possède pas de listes assez précises des foyers francophones en Ontario pour pouvoir organiser une campagne de prévention ciblée, que le temps presse, et que tout traduire pourrait faire exploser le budget. En somme, pour aller vite, laissons faire pour la version française du dépliant.

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Finalement, le gouvernement fera parvenir aux Ontariens un dépliant bilingue. Mais le mal est fait.

François Boileau a démarché trois sous-ministres et leur a demandé de lui fournir toutes les communications et échanges, externes et internes, pour comprendre comment les services en français sont intégrés dans leurs démarches.

Il reçoit donc plusieurs dizaines de cartons à étudier et s’aperçoit que «les services en français ne sont pas intégrés et qu’il y a une incompréhension de la loi» Entre temps, le gouvernement, embarrassé par cette bévue, décide de prendre le taureau par les cornes et met en place une directive obligatoire pour les communications en français.

«C’est un excellent coup. Ils m’ont devancé et c’est tant mieux!», s’exclame François Boileau. Mise en place en mai 2010, la directive aura des effets un peu plus tard. Il faut donc attendre pour juger et c’est ce que fait le commissaire.

Directive comprise?

«Une fois la directive adoptée, plutôt que de crier victoire et rendre public notre rapport, nous avons préféré prendre le temps d’analyser la mise en œuvre effective de celle-ci. De ce fait, nous constatons qu’un an après son adoption, cette directive demeure perfectible, car elle n’est pas tout à fait comprise par l’ensemble des équipes de communication du gouvernement. En effet, malgré certaines améliorations, nous continuons à recevoir des plaintes, notamment au sujet des sites web des Réseaux locaux d’intégration des services de santé (RLISS).»

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Un des éléments que note le commissaire dans son rapport est l’emploi du conditionnel, ce qui donne l’impression de la non-obligation, par exemple l’emploi de «devrait» à la place de «doit».

«Il faut changer ça, c’est une échappatoire potentielle», précise François Boileau.

Dans son rapport, le commissaire émet donc quatre recommandations qui traduisent l’idée que le gouvernement a fait du bon travail, mais qu’il reste perfectible sur bien des points.

Les recommandations

1 – Considérant que les lignes directrices doivent être toutes aussi obligatoires que la directive sur les communications en français, il importe que le libellé de la directive soit clair à cet égard. Étant donné que le mode conditionnel présent du verbe « devoir » exprime un désir, un souhait à l’opposé de l’indicatif présent du même verbe qui exprime une action certaine, une obligation. Le commissaire recommande ainsi que la directive sur les communications en français soit modifiée en substituant le mode conditionnel présent du verbe devoir « devraient» pour le mode de l’indicatif présent « doivent » dans la première phrase du premier paragraphe sous la rubrique «Lignes directrices».

2 – Le commissaire recommande que pour toute utilisation des nouveaux médias sociaux, y compris celles provenant d’un titulaire d’une charge publique, lorsque la nature de la communication initiale est d’ordre gouvernemental, alors la communication doit impérativement être dans les deux langues, simultanément.

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3 – Le commissaire recommande que l’Office des affaires francophones, en appui à la Direction du marketing et des communications du Bureau du Conseil des ministres, soit chargé d’offrir en continu une session de formation sur la directive de communication en français à toutes les équipes de communication de tous les ministères et organismes classifiés.

4 – Le commissaire recommande que l’Office des affaires francophones, en appui à la Division des politiques et des résultats du Bureau du Conseil des ministres, soit chargé d’offrir en continu une session de formation sur la directive des communications à toutes les équipes de développement de politiques, programmes et services de tous les ministères et organismes classifiés.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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