Le commissaire aux services en français à Boréal

Francophone ou Franco-Ontarien?

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Publié 22/03/2011 par Annik Chalifour

À l’occasion des célébrations de la 10e édition de la Semaine de la francophonie à Toronto, Me François Boileau, commissaire aux services en français de l’Ontario, était le conférencier invité au campus torontois du Collège Boréal, jeudi 17 mars. Voici un aperçu des enjeux soulevés par l’allocution de Me Boileau ainsi que ses commentaires quant à certains dossiers d’actualité dont l’identité francophone, l’éducation et l’emploi.

S’adressant à la communauté étudiante de Boréal, Me Boileau a rappelé le droit des francophones en Ontario à l’accès aux services en français promu par la Loi des services en français adoptée il y a 25 ans cette année.

«D’où l’importance de faire le choix au quotidien de s’afficher comme francophone au sein de la communauté torontoise et de la province», selon le commissaire.

«En exigeant d’obtenir les services en français auprès des entités gouvernementales et paragouvernementales désignées par la loi qui ont de ce fait l’obligation de les fournir, et en déposant une plainte le cas échéant», a-t-il affirmé.

Le discours du commissaire a rappelé que finalement, la francophonie en Ontario, se vit à partir de qui nous sommes. C’est-à-dire de notre habileté à clamer haut et fort notre identité francophone dans un milieu majoritairement anglophone.

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Défi identitaire

Faisant référence à la nouvelle définition inclusive des francophones en Ontario adoptée en 2009, le commissaire a réitéré la portée de l’identité francophone sur l’évolution de la francophonie en Ontario et ce, en tenant compte de la diversité de l’ensemble de ses collectivités francophones.

Rappelons que la nouvelle définition des francophones en Ontario vise aussi ceux dont la langue maternelle n’est ni le français ni l’anglais, mais qui ont une bonne connaissance du français comme langue officielle et qui utilisent le français à la maison.

Ce groupe compte environ 50 000 Ontariens qui parlent le français tous les jours, dont plusieurs font partie de la nouvelle immigration francophone en Ontario.

Un défi identitaire majeur en Ontario français selon certains et souligné lors de l’allocution de Me Boileau jeudi dernier, réside dans la façon de s’afficher soit comme francophone ou Franco-Ontarien.

Choix politique

Confronté à ce dilemme à titre de commissaire aux services en français en Ontario alors qu’il est d’origine québécoise, Me Boileau a dû lui-même faire face à ce défi.

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«Ayant vécu au Québec ainsi qu’auprès de diverses communautés francophones hors Québec, notamment au Yukon, au Manitoba puis en Ontario, je me sens définitivement francophone où que je sois.»

La question de se définir comme francophone ou Franco-Ontarien reste un choix personnel, selon le commissaire.

Mais quand on arrive d’une autre province ou d’un autre pays, qu’on parle français, qu’on s’installe en Ontario pour y vivre et contribuer à son avenir social et économique, ne devrait-on pas pouvoir devenir Franco-Ontarien à la longue?

Si tous les francophones vivant actuellement en Ontario et à y venir, d’ici et d’ailleurs, s’identifiaient officiellement comme Franco-Ontariens, la francophonie n’aurait-elle pas éventuellement plus de poids dans les arènes politiques provinciale et municipale?

Travailler en français

Plusieurs étudiants ont exprimé clairement au commissaire jeudi dernier leur désir de travailler en français; peut-être sur la base de l’accès possible (mais limité!) au travail en français en Ontario ou d’un manque de réalisme vis-à-vis de la réalité torontoise anglophone.

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Le Collège Boréal, dans le but de renforcer les habiletés des étudiants à obtenir un emploi dans les deux langues, offre des cours de perfectionnement de l’anglais. Par ailleurs, tel qu’expliqué par Diane Dubois, vice-présidente à l’enseignement, «la connaissance de l’anglais fait partie des exigences de la diplomation.»

Le bureau du commissaire traite les plaintes liées au défaut d’offrir des services en français selon la loi: il n’est pas responsable d’assurer l’accès à l’emploi en français, à moins qu’on lui en donne le mandat légal un jour…

L’éducation en français

Comme on le sait, les écoles de langue française à Toronto débordent depuis longtemps. Le dossier du conflit qui oppose présentement nos deux Conseils scolaires découlant de la contravention du règlement provincial sur les transferts d’édifices d’un conseil à un autre, s’est retrouvé entre les mains du commissaire.

«Mon bureau se penchera essentiellement sur le rôle du ministère de l’Éducation dans cette affaire. Nous examinerons les instructions transmises par le ministère aux conseils. Ceci pourrait, entre autres, mener à la révision éventuelle dudit règlement.»

Bien que ce dossier reste prioritaire, Me Boileau a signalé «qu’il s’affaire présentement à finaliser son rapport annuel, devant être déposé vers la fin mai et inclure de nouvelles annonces.»

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Affichage en français

À la question posée concernant des organismes tels l’AGO (Art Gallery of Ontario), la Canadian Opera Company (COC), n’affichant aucune information en français bien qu’ils soient subventionnés par le gouvernement, Me Boileau a répondu que «seuls les organismes désignés selon le règlement de la loi y sont obligés, signifiant que la majorité des membres de leur C.A soient choisis par le Cabinet.» L’AGO et la COC n’entrent pas dans cette catégorie.

Rappelons que la majorité des plaintes reçues par le bureau du commissaire sont individuelles et reliées aux services procurés par le gouvernement dans les secteurs de la santé et de la justice «qui représentent les deux domaines les plus sollicités par le public», a précisé Me Boileau.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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