En France comme au Bas-Canada, devenu le Québec, les femmes mariées ont longtemps eu moins de droits que les célibataires, notamment en ce qui concerne la gestion de leurs biens, mais aussi sur la scène politique. Ce n’est en effet qu’en 1965, deux ans après l’élection par acclamation d’Anne-Marie Dionne, mariée à Thaddée Marois, comme échevine de la petite ville de Dolbeau, au Lac Saint-Jean, que le droit canadien a été modifié pour reconnaître aux femmes mariées le droit de se porter candidates aux élections.
En France, le droit civil issu du Code Napoléon, qui imposait la subordination de la femme par rapport à son mari, avait été aboli en 1938. Le droit civil canadien-français avait été élaboré lui aussi à partir du Code Napoléon.
Selon la fille d’Anne-Marie Dionne, l’éditrice Françoise Marois, qui est retournée vivre à Dolbeau après avoir lancé sa maison d’édition éponyme à Toronto il y a 30 ans, c’est la requête de la ville de Dolbeau qui a ouvert aux femmes la porte des hôtels de ville de tout le pays.
En Ontario, Charlotte Whitton a été mairesse d’Ottawa (1951) puis conseillère municipale, mais elle était célibataire, donc «juridiquement majeure et légalement capable».
Françoise Marois, dont les ouvrages portent souvent sur l’émancipation de la femme et sur la féminisation de la langue française, tient donc beaucoup de sa mère, la première femme mariée à occuper le poste d’échevine, de 1963 à 1966. L’un de ses livres, De mère en fille, raconte l’histoire d’Anne-Marie Dionne.