Les grandes écoles françaises se rassemblent en Ontario

L’AAGEF, une ivy league française?

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Publié 22/02/2011 par Guillaume Garcia

Si Harvard, Yale, le MIT et les autres grandes universités américaines sont bien connues des étudiants français, le contraire n’est pas vrai. Et ce n’est pas vrai non plus pour le Canada, qui ne comprend pas bien ce système de «grandes écoles» françaises, non liées à l’université. Pour se faire connaître, et faire reconnaître leurs compétences, les diplômés de ces grandes écoles vivant aujourd’hui en Ontario se réunissent désormais une fois par mois, pour réseauter et pour promouvoir leur formation à travers l’AAGEF-Ontario (l’Association des alumni des grandes écoles françaises).

Les Mines, l’ESSEC, Polytechnique, Centrale, l’ENA…, n’avez-vous jamais entendu un Français parler de ces institutions (en bien ou en mal)? Jouissant d’une notoriété séculaire en France, ces écoles peinent à exister sur la scène internationale. Pourtant, leurs étudiants s’exportent bien et représentent un certain fleuron de l’éducation «à la française».

L’exemple new-yorkais

L’Association des alumni des grandes écoles françaises Ontario a vu le jour il y a un peu plus d’un mois quand Bruno Lebeault a décidé de reproduire ce qu’il avait vu à New York, c’est-à-dire, un réseau de diplômés de ces grandes écoles françaises.

En mai dernier, lors d’un voyage d’affaires à New York, il entend parler de cette initiative et va assister à l’une des soirées de l’Association. «J’ai trouvé l’idée géniale, de rassembler toutes les grandes écoles», explique-t-il.

Créée il y a plus de 10 ans à New York, l’AAGEF a donc été un modèle pour l’AAGEF Ontario. Celle-ci a vu le jour il y a près d’un mois, et compte déjà 400 membres.

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«Le premier objectif est de faire reconnaître la valeur de nos diplômes, les meilleures écoles françaises; le second est l’entraide, pour ceux qui pourraient être au chômage, ou les étudiants qui rechercheraient du travail. On est encore en phase de recensement», conclut Bruno Lebeault, le président de l’AAGEF Ontario.

L’idée est de montrer que les formations françaises rivalisent avec leurs homologues nord-américaines. Pour son expansion, l’AAGEF nomme un responsable par grande école, qui devra faire un travail de recrutement auprès des diplômés de sa propre école, afin de faire grandir l’association.

Les grandes écoles?

Pour ceux qui ne sont pas familiers avec le système d’éducation français, les grandes écoles représentent la méritocratie à la française, l’école de la république et le vivier dans lequel puisent l’État et les grandes entreprises pour recruter leurs cadres.

Ce sont des établissements d’enseignement supérieur qui recrutent après une classe préparatoire (deux ans après la fin des études secondaires) et, le plus important, sur concours (toute la méritocratie vient de là).

Plusieurs écoles datent d’avant la Révolution française de 1789, comme l’école des Ponts et Chaussées (1741), les Mines Paris (1783), Arts et métiers (1780), l’école Normale supérieure. Toutes ces écoles formaient, et forment encore, les différents corps de métiers dont a besoin l’État.

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L’AAGEF regroupe 16 grandes écoles françaises, dont beaucoup d’écoles d’ingénieurs, d’administration et plusieurs écoles de commerces, en grande majorité privées (donc payantes) qui usurpent quelque peu le terme «grande école», normalement réservé aux écoles publiques gratuites.

En France, le système d’études supérieures se décompose en deux grandes branches, les grandes écoles et les universités. Historiquement, les grandes écoles devaient former toute l’élite française, sauf en médecine et en droit, domaines réservés aux universités.

De nombreuses critiques sont aujourd’hui émises à l’encontre de ces grandes écoles, symboles d’une société à deux vitesses: les grandes écoles pour l’élite, l’université pour les autres.

L’État français maintient lui-même ce nivellement en finançant proportionnellement davantage les étudiants de grandes écoles que ceux de l’université.

Le côté méritocratique qui faisait l’apanage de la République existe de moins en moins, les classes populaires n’étant quasiment plus représentées au sein des effectifs des grandes écoles.

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Il faut aussi penser qu’en France, le terme «grandes écoles» fait historiquement référence aux écoles d’administration ou d’ingénieurs.

Les écoles de commerces n’ont le vent en poupe que depuis plusieurs années et le fait qu’elles soient payantes enlève un certain charme républicain que les Français aiment cultiver. Quand il y a concours et que c’est gratuit, on peut toujours faire semblant de croire à l’égalité des chances!

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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