Comment vit une famille dont le père est absent depuis quasiment trois ans, de manière consécutive? Réponse, elle s’adapte. Et cela n’est pas forcément un cadeau pour le père-mari qui doit retrouver ses repères une fois rentré au bercail. L’absence est intimement liée au métier de soldat, ou de militaire plus généralement. L’ONF, par l’entremise de Claire Corriveau s’est intéressé à la vie de ces enfants de soldats, tiraillés entre fierté, peur et bonheur.
Après avoir connu un succès lors de sa présentation au Festival des films du monde à Montréal en septembre, le documentaire de Claire Corriveau sera projeté sur les écrans de la médiathèque de Toronto le 10 novembre prochain. On pourra le visionner en ligne dès le lendemain à l’occasion du jour du Souvenir.
L’impuissance
Femme d’ancien soldat, Claire Corriveau nous embarque dans un monde méconnu, celui de la vie au sein d’une base militaire, celle de Petawawa en Ontario, où séjournent une grande partie des hommes envoyés en Afghanistan. Pendant neuf mois, elle a filmé la vie de quatre familles, aux destins à la fois similaires et différents. Des vies rythmées par l’absence du père, le stress de la mère et des enfants, les responsabilités multipliées, et l’estomac qui se noue lors des téléjournaux.
Ces enfants subissent une situation qu’ils n’ont pas choisi, ils sont impuissants face aux risques pris par leur père et se doivent d’être heureux lorsqu’il revient de mission. Vie paradoxale où l’horreur de la guerre et les changements de comportements qu’elle peut entrainer font parfois souhaiter aux enfants que leur père reste loin.
Revenu blessé d’Afghanistan, Roger Perreault a subi une thérapie pour finalement accepter la situation et les douleurs qui l’empêchent de mener une vie normale. En plus de la blessure physique, du sentiment d’abattement qui l’a envahi, il a perdu un de ses hommes. Il se livre à la caméra et aborde tous les sujets, avec plus ou moins d’émotion. Il reconnaît la difficulté du retour à la vie normale, du dialogue avec sa famille et avoue même avoir pensé au suicide, qu’il n’a pas commis en raison justement de sa famille.