Sur les traces de Roger Routhier

Empreintes dans la pierre à St-Raphaël de Bellechasse: d’anciens autochtones ou...  le Diable!

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Publié 12/10/2010 par François Bergeron

Roger Routhier, qui habite à Toronto depuis plus d’un quart de siècle, ne retourne pas souvent dans son patelin de St-Raphaël de Bellechasse, au sud de Québec non loin de la frontière du Maine, où son frère se trouve encore. C’est cependant en recevant de sa soeur (de Lévis) le livre commémoratif du 150e anniversaire du village, célébré en 2001, qu’il s’est mis en tête de dévoiler une curiosité qu’il est pratiquement seul à connaître: l’empreinte du pied d’un enfant et celle d’un adulte sur un rocher dans une ferme du rang des Fiefs.

Ces deux traces de pas, une petite et une grande, auraient été faites selon lui il y a des milliers d’années dans la glaise devenue pierre.

Jim Mungall, professeur de géologie à l’Université de Toronto, en doute: «de telles empreintes ont été trouvées en Afrique, où les premiers humains ont évolué il y a des millions d’années», explique-t-il à L’Express. «Or, la présence humaine en Amérique du Nord remonte au plus à 20 000 ans.»

«Je n’ai jamais entendu parler d’empreintes humaines dans la pierre au Canada», ajoute-t-il. «Presque tous nos rochers ont été formés il y a des millions d’années.» Selon lui, les empreintes en questions ne sont que des dépressions naturelles ressemblant à des empreintes de pieds humains.

Un professeur de l’Université Laval, rejoint au téléphone par M. Routhier il y a quelques années, lui avait dit la même chose.

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Mais notre homme, lui, tient à ses empreintes d’autochtones – «ce serait un phénomène intéressant», dit-il – mais encore davantage aux légendes qui y sont associées.

Le rocher en question, beaucoup plus long que large, haut comme deux maisons, traverse quelques champs de la région. Il est bien visible sur Google Earth. La partie sur laquelle se trouvent les empreintes est sur le terrain d’une ferme dont le propriétaire en ignore la particularité, selon M. Routhier.

Au contact du Diable

Le livre commémoratif de St-Raphaël de Bellechasse contient une photo de Léon Routhier, le père de Roger, en uniforme de l’armée, parce que sa famille y a habité de 1941 à 1953.

L’ouvrage mentionne une légende voulant que le Diable ait laissé sa trace dans la pierre, en voulant fuir l’archange Raphaël venu défendre le village contre le malin.
 
Interviewé récemment dans les bureaux de L’Express, Roger Routhier a une autre version: «quand j’avais 7 ou 8 ans, un quêteux qui passait par là m’avait raconté l’histoire d’un enfant malcommode que le Diable avait voulu enlever, et dont les pieds avaient brûlé la pierre. Il m’avait guidé jusqu’au rocher – un autre rocher que celui qui est décrit dans le livre du village – et il m’avait montré ce qu’il prétendait être leurs empreintes gravées dans la pierre.»

Photos à l’appui (prises par sa fille Isabelle, réalisatrice de l’émission du matin à la radio de Radio-Canada à Toronto, qui s’y est rendue plusieurs fois avec son père), M. Routhier précise qu’on peut sentir des empreintes d’orteil dans l’empreinte de l’enfant. Celle de l’adulte indique qu’il portait une sandale.

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Les deux formes dans la pierre, profondes d’environ un centimètre, sont certainement couvertes de mousse et de feuilles aujourd’hui. La dernière fois, pour prendre les photos, il avait également dû dégager la végétation de cette partie du rocher.

Curiosité locale

Au cours de sa prochaine visite à St-Raphaël, il se propose de contacter le maire pour lui parler de ce rocher, qui pourrait fort bien, selon lui, devenir une attraction dans la région. Lui seul, croit-il, est en mesure de retrouver l’endroit exact.

Encore en bonne santé à 74 ans, M. Routhier a tenu une chronique à CHOQ-FM sur les contes et les légendes. Il a aussi fait du théâtre amateur avec la Quatre Sans Un et chanté dans les Voix du Coeur, la chorale francophone à Toronto.

Mécanicien dans l’armée canadienne, dans laquelle il s’est enrôlé à l’âge de 16 ans et avec laquelle il a notamment servi en Égypte (où il a été barman du général!), il a longtemps été représentant de commerce au Canada anglais pour une entreprise québécoise d’ameublement et de décoration.

Aujourd’hui, ce fils, frère et oncle de militaires anime des soirées dans des salles de la Légion, en plus de participer à des activités de la Société d’histoire de Toronto.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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