Refuser le sang des homosexuels: discriminatoire?

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Publié 21/09/2010 par Guillaume Garcia

Lorsque Kyle Freeman décide d’aller donner son sang en 2002, il ne dit pas qu’il a eu des relations sexuelles avec d’autres hommes et le prélèvement est fait. Mais son sang est testé positif à la syphilis et la Société canadienne du sang le poursuit en justice. La Cour supérieure de l’Ontario a rendu un jugement le 9 septembre dernier en faveur de la Société canadienne du sang. Les associations gaies sont mécontentes.

Kyle Freeman comptait sur ce jugement pour montrer que la Société bafouait la Charte des Droits et Libertés en faisant de la discrimination envers les homosexuels qui souhaitaient donner leur sang. En effet, si un homme a eu des relations sexuelles avec une personne du même sexe depuis 1977, il ne peut pas donner son sang.

«Cela nous inquiète quant à l’implication possible des agences gouvernementales de se conformer à la Charte», de commenter Gilles Marchildon, directeur des programmes à Action positive à Toronto.

Selon Kyle Freeman, la Société canadienne du sang devrait être considérée comme une agence gouvernementale, ce qui n’est pas le cas jusqu’à présent.

Pour Gilles Marchildon, si la Société veut «démontrer une ouverture d’esprit, elle devrait revoir la question (de refuser les dons de sang de personnes qui ont eu des relations sexuelles avec des hommes depuis 1977, ndlr) pour que les personnes qui ne sont pas à risque puissent donner leur sang. On avait proposé il y a quelques années de rabaisser la période à une seule année.»

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Pour l’association francophone, le fait que le sang soit testé et les potentiels virus détectés, joue en faveur d’un assouplissement de la règle.

«Il faudrait que le questionnaire à remplir avant de donner son sang soit axé sur un comportement sexuel à risque plutôt que sur un groupe identifiable. De toute façon le questionnaire est basé sur l’honnêteté des personnes», indique-t-il.

L’idée serait d’ouvrir la porte aux personnes gaies qui vivent des relations ne comportant pas de risques plutôt que de leur interdire de donner leur sang sous prétexte que la population gaie est plus à risque d’être porteuse du virus du Sida, ou d’autres infections.

«Ils pourraient faire preuve de bonne volonté et maximiser les donneurs en révisant la question», conclut Gilles Marchildon.

L’interdiction pour les hommes homosexuels de donner leur sang est également en vigueur dans d’autres pays, comme par exemple aux États-Unis ou en Australie.

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Cependant, la Croix-Rouge australienne a annoncé le 14 septembre qu’elle avait révisé cette règle (le Canada, la Suède, l’Écosse et la Nouvelle-Zélande ont déjà eu ce débat) et les associations espèrent aboutir à faire passer l’interdiction de donner son sang pour un homme homosexuel à 12 mois après sa dernière relation.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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