Durant l’année scolaire, on pense qu’ils sont attelés devant leurs livres à étudier, on les retrouve devant leur page sur Facebook. On les croit endormis à poings fermés, puis on remarque la lueur bleutée de leur cellulaire sur leur visage tandis qu’ils échangent des textes-messages avec leurs amis. L’été, c’est pire. Trop jeunes pour travailler, trop vieux pour être gardés, ils ont un accès illimité à l’internet et ils en abusent, comme le prouve leur teint blafard en plein mois de juillet. Ça nous rend fous, mais comment renverser la vapeur de ce phénomène social si séduisant (d’ailleurs, qui d’entre nous n’a pas vérifié son courriel à plusieurs reprises aujourd’hui)?
On ne sait plus s’il faut débrancher tout ce beau monde ou embrasser pleinement cette nouvelle tendance qui nous dépasse, mais qui semble les préparer pour un avenir de plus en plus technologique. Mark Bauerlein, auteur du livre The Dumbest Generation (La génération la plus bête), publié en anglais exclusivement en 2008, porte deux sous-titres drastiques: How the Digital Age Stupefies Young Americans and Jeopardizes Our Future (Comment l’ère digitale anesthésie les jeunes Américians et met notre avenir en péril) et (au cas où on ne serait pas assez alarmés) Don’t Trust Anyone Under 30 (Ne faites confiance en personne âgé de moins de 30 ans).
Les ordis au bûcher?
Avec pareil titre, on pourrait croire que l’auteur (un professeur d’anglais à l’Université Emory à Atlanta qui a aussi dirigé des recherches sur la culture et la vie américaine pour la National Endowment for the Arts) recommande de mettre tous les ordis et portables au bûcher. Cependant, le propos du livre de Mark Bauerlein est plutôt de jeter un regard objectif sur l’intellect des jeunes d’aujourd’hui afin de démontrer que la promesse de tous les bienfaits que la nouvelle technologie apporterait à leur développement ne s’est pas réalisée.
À grand renfort de résultats d’études et de statistiques dans des chapitres aux noms inquiétants (traduction libre: Le déficit de la connaissance, Les nouveaux bibliophobes, Le non-apprentissage de l’apprentissage en ligne, La trahison des mentors), l’auteur s’évertue à nous faire comprendre que nous avons jeté le bébé avec l’eau du bain à force de nous concentrer que sur l’intégration de la technologie dans notre vie contemporaine au détriment des autres véhicules de la culture.
Bauerlein relève plusieurs cas de conseils scolaires américains revenant sur leur décision après avoir investi des millions en ordinateurs et logiciels éducatifs durant des années, sans résultats concrets d’amélioration de l’apprentissage des mathématiques et de compréhension de textes. Il est indéniable que l’acquisition d’ordis dans les écoles accroit le plaisir des jeunes dans la salle de classe. Cependant, on n’a pas remarqué d’amélioration de la performance scolaire chez les étudiants informatisés.