Madeleine Meilleur passe de la Culture aux Services sociaux

Remaniement à Queen's Park

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Publié 11/04/2006 par Marta Dolecki

Une francophone a le vent en poupe à Queen’s Park. Députée d’Ottawa-Vanier et ancienne conseillère municipale, Madeleine Meilleur gravit d’un pas les échelons du pouvoir. Trois ans après son entrée au Cabinet, elle quitte le ministère de la Culture pour les Services sociaux et communautaires, troisième plus grand ministère du gouvernement McGuinty.

Jeudi dernier, un article paru dans le quotidien Ottawa Citizen la décrivait comme «la politicienne francophone la plus puissante en Ontario». Le portefeuille des Services sociaux et communautaires représente en effet pour la ministre Meilleur une importante promotion.

Tout en conservant la charge des Affaires francophones, elle se voit confier des responsabilités de taille. «J’avais un budget de 400 millions $ et environ 400 personnes à ma charge au ministère de la Culture. Avec le ministère des Services sociaux et communautaires, je passe à un budget de 7,8 milliards $ avec 5 500 employés sous ma responsabilité», commente-t-elle, rejointe par téléphone à Ottawa.

«Oui, c’est un ministère qui connaît de gros défis, reconnaît-elle. On touche après tout à la vie des gens, notamment à celle des personnes moins fortunées.» Madeleine Meilleur n’est pas étrangère au portefeuille qui vient de lui être confié.

«J’ai déjà œuvré dans ce domaine-là puisque j’ai été présidente du comité des services sociaux et communautaires pour la municipalité d’Ottawa-Carleton de 1994 à 1997. C’était au niveau régional. C’est évident qu’au niveau provincial, ça prend une autre ampleur», remarque-t-elle.

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Parmi ses priorités, Madeleine Meilleur entend poursuivre la réforme sur les prestations d’aide sociale, prendre des mesures pour éradiquer la pauvreté des enfants et lutter contre la violence faite aux femmes. Des dossiers qui, dit-elle, lui tiennent particulièrement à coeur.

La ministre siégeait à l’époque sur le comité des services sociaux et communautaires d’Ottawa-Carleton quand le gouvernement Harris a annoncé des coupures de l’ordre de 25% dans les prestations sociales. Aux dires de la ministre Meilleur, tout le travail consiste maintenant à restaurer les coupures de l’époque. «Depuis qu’ils sont au pouvoir, les libéraux ont déjà augmenté les prestations d’aide sociale de 5%. On va travailler pour continuer la réforme déjà enclenchée», justifie-t-elle.

Madeleine Meilleur entrevoit un lien naturel entre son poste aux Affaires francophones et ses nouvelles responsabilités. Elle croit que beaucoup de francophones, qui sont des nouveaux arrivants, vont avoir recours aux services dispensés par le ministère qui lui a été confié.

Remaniement ministériel

Le vent de changement à Queen’s Park fait suite au départ de Gerard Kennedy qui, mardi dernier, a déclaré son intention de quitter son poste de ministre de l’Éducation pour se lancer dans la course à la direction du Parti libéral du Canada (PLC). Les choses se sont accélérées suite à cette annonce.

Dalton McGuinty a procédé à la transition en nommant Sandra Pupatello à l’Éducation, Madeleine Meilleur en remplacement de la ministre Pupatello aux Services sociaux et communautaires et, enfin, la députée de Sarnia-Lambton, Caroline Di Cocco, à la tête du ministère de la Culture.

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Le mini-remaniement ministériel en milieu de semaine dernière a pris tout le monde par surprise, à commencer par Mme Meilleur elle-même. «Quand le premier ministre m’a demandé d’être la nouvelle ministre des Services sociaux et communautaires, je ne m’y attendais pas du tout, se rappelle-t-elle. Je suis un peu triste à l’idée de quitter la Culture, mais enfin, j’ai des sentiments partagés face à cette décision. Le ministère des Services sociaux et communautaires me tient aussi particulièrement à cœur alors c’est une bonne nouvelle.»

Cette répartition des rôles ramène à huit sur un total de 25 le nombre de femmes au sein du gouvernement McGuinty. «C’est sûr que je suis très heureuse, mais comme l’a précisé le premier ministre, nous avons été choisies en fonction de nos compétences et pas du fait que nous sommes des femmes», justifie Madeleine Meilleur.

Fraîchement nommée à la tête du ministère des Services sociaux et communautaires, Madeleine Meil-leur se justifie d’une expérience de 10 ans en politique municipale. Parallèlement à son travail sur le comité des services sociaux et communautaires, elle a présidé le comité des transports et des transports en commun de la Ville d’Ottawa. Infirmière puis avocate spécialisée dans le droit du travail et de l’emploi, elle a été adjointe au maire, conseillère municipale, avant d’être élue députée provinciale en 2003.

Si les partis d’opposition décrivent les nouvelles ministres Pupatello et Meilleur, comme des «poids plumes» sur la scène politique ontarienne, les organismes francophones oeuvrant dans le domaine de la culture parlent de Mme Meilleur comme d’une ministre «présente», qui a su se faire championne des causes chères à la communauté.

«Il y a des exemples de son leadership qui ont été très appréciables comme le financement accru à des organismes francophones comme le théâtre de La Nouvelle Scène ou le Festival franco-ontarien», souligne Pierre Bourbeau, directeur général de la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF).

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«Lorsque Mme Meilleur faisait des allocutions en public, elle n’adressait pas la question de la langue française de façon froide, mais de façon passionnée. Cela a -certainement allumé son leadership dans beaucoup de dossiers», ajoute-t-il.

Robert Corbeil, directeur général de Théâtre Action, s’inquiète justement du fait que la nouvelle ministre de la Culture, Caroline Di Cocco, ne parle pas français couramment.

«On sait que la nouvelle ministre de la Culture maîtrise bien l’anglais et l’espagnol. Ça, c’est un problème majeur pour le milieu. On aurait aimé avoir une ministre de la Culture qui soit bilingue français-anglais, qui comprenne les particularités des milieux francophones. On va devoir retravailler à rétablir des contacts avec Mme Di Cocco, la conscientiser, aller la rencontrer, alors qu’avec Madeleine Meilleur, on se trouvait déjà en terrain acquis», commente M. Corbeil à propos du changement de ministre.

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