Le dernier Tremblay au TfT: communiquer par l’amour

Fragments de mensonges inutiles

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Publié 27/04/2010 par Guillaume Garcia

Le monde a-t-il vraiment changé dans la dernière moitié de siècle? Certains tabous sont tombés, mais pas tous. À cheval sur deux époques, Fragments de mensonges inutiles se déroule à la fois en 1958 et 2008. Deux jeunes hommes homosexuels peinent à communiquer la vérité à leurs parents respectifs. En 50 ans, les lignes ont bougé, les mentalités se sont assouplies. Pourquoi dans ce cas les deux garçons vivent-ils un même mal-être. Michel Tremblay explore de nouvelles pistes de compréhension, parfois le problème est plus dans la communication du problème que dans son existence même.

Michel Tremblay utilise une nouvelle fois sa recette personnelle, avec l’histoire qui se déroule à cheval sur deux époques, pour nous parler de la communication dans les familles au sujet de l’homosexualité.

Pas facile dès lors de mettre en scène une pièce où l’action se situe à la fois en 1958 et 2008 avec des personnages naviguant d’une époque à l’autre et interférant entre eux. Ce défi, Diana Leblanc l’a relevé avec grande joie lorsque Guy Mignault, directeur artistique du TfT lui a proposé de faire la mise en scène de Fragments de mensonges inutiles.

«J’ai lu la pièce et j’ai eu un véritable coup de cœur», nous dit-elle. Ensuite, pour ce qui est des défis à surmonter dans la mise en scène de deux époques et plusieurs personnages qui vont et viennent, elle explique: «Il faut rendre la chose plausible et crédible en respectant les deux époques et le lien que l’auteur a voulu établir. Il arrive à achever une transcendance où il efface le temps et l’espace, pour créer un univers.»

Le fil rouge que Michel Tremblay déroule est celui d’une relation homosexuelle entre deux jeunes hommes où l’un vit en 1958 et l’autre en 2008.

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Leurs parents respectifs restent dans leur espace spatio-temporel, mais les deux hommes vivent leur amour dans chacune des époques.

Diana Leblanc s’était fixée un objectif, celui de fluidifier l’histoire au maximum pour laisser voguer les émotions sans entrecouper l’histoire par la mise en scène. Cette fluidité dans le jeu tente de montrer que les grandes émotions parents-enfants ou amoureuse, entre les deux hommes se ressemblent plus qu’elles diffèrent, malgré plusieurs générations d’écart.

Pour favoriser les chassés-croisés entre les deux protagonistes, Diana a choisi de garder les comédiens sur scène tout au long du spectacle. Certains jouent donc deux personnages des huit personnages.

Le jeune homme de 1958, Jean-Marc fait face à son aumônier lors de confessions; aumônier remplacé en 2008 par un psychologue, auquel fait face Manu. Pourquoi toujours se justifier? En 1958, Jean-Marc ne peut pas parler avec ses parents de son homosexualité, c’est tabou.

En 2008, on pourrait penser que le tabou n’existe plus, mais c’est faux. Manu garde son secret pour lui, pensant que ses parents ne peuvent pas le comprendre. Un enfant reste un enfant, quoi qu’il fasse.

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Les problèmes ne tournent pas autour de l’homosexualité des deux jeunes hommes, mais plutôt autour de la communication, qui ne s’établit pas, avec les parents.

Michel Tremblay a d’ailleurs eu l’idée de cette pièce en apprenant le taux record de suicide chez les jeunes homosexuels, qui pour beaucoup ne parviennent pas à discuter avec leurs parents à ce sujet.

Sans pression particulière à l’idée de monter une pièce de Michel Tremblay, Diana Leblanc tient à préciser, en fin de rencontre, que c’est avant tout un cadeau, pour elle comme pour les comédiens de pouvoir monter et jouer une pièce d’un tel auteur.

Fragments de mensonges inutiles, de Michel Tremblay du 28 avril au 15 mai 2010 au Berkeley Theatre, sur la rue Berkeley.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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