Guillaume Côté, le torontois du Ballet National

L'Express a rencontré le danseur étoile originaire de la Ville-Reine

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Publié 02/03/2010 par Benoit Legault

Guillaume Côté est le seul danseur étoile du Ballet national du Canada originaire du Canada. Il est considéré comme l’un des plus grands danseurs de ballet du monde. L’Express a interviewé Côté quand il avait 16 ans et qu’il était l’élève surdoué de l’École nationale de ballet à Toronto. Une décennie plus tard, notre journaliste Benoit Legault a une nouvelle fois posé des questions au danseur maintenant au sommet de son art. Côté est très souvent en tournée autour de la planète danse, mais il se produira au Four Seasons Centre de Toronto dans deux programmes successifs au mois de mars: 24 Préludes de Chopin & Une Suite de Danses & Les Quatre Saisons du 3 au 7 mars & le Lac de Cygnes du 11 au 21 mars.

L’Express: Comment la réalité d’une carrière en danse se compare aux espoirs, rêves et attentes que vous aviez en quittant l’école de ballet?

Guillaume Côté: Jusqu’à maintenant, ma carrière a dépassé toutes les attentes que j’avais comme élève de l’École nationale de ballet ou comme jeune danseur.

Je ne pensais vraiment pas que je danserais sur les plus grandes scènes du monde avec certains des meilleurs artistes du monde.

La carrière d’un danseur est très imprévisible; il faut travailler fort de manière constante et il faut aussi être entouré des bonnes personnes pour grandir en tant qu’artiste.
Je suis reconnaissant envers les gens qui m’ont appuyé et permis de devenir l’artiste que je suis aujourd’hui.

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Q: Les sacrifices exigés par la danse de très haut niveau sont-ils plus grands que ce à quoi vous vous attendiez?

R: Je pense que danser n’est pas un travail mais un mode de vie, et que les choix qu’on fait ne mènent pas à des sacrifices, mais plutôt au mode de vie qu’on a choisi.

Q: Vous étiez très jeune quand vous êtes parti de Lac-à-la-Croix (au Lac Saint-Jean, Québec) pour apprendre à danser? Avec du recul, est-ce que c’était la bonne chose à faire?

R: Oui, sans aucun doute, mais peut-être pas aussi jeune que je l’ai fait. Je pense que c’est mieux d’attendre d’avoir 18-19 ans si on le peut.

Je suis parti de chez moi à l’âge de neuf ans, à un âge où on a vraiment encore besoin du support et de la stabilité d’une famille.

Vivre dans un environnement plus normal disons, donne une bien meilleure idée de ce qu’on veut faire dans la vie plutôt que d’être axé surtout sur les choix liés à la formation et l’entraînement en danse.

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Q: Avez-vous été approché par Les Grands Ballets Canadiens? Bien sûr, plusieurs compagnies de danse veulent vous engager. Pourquoi demeurer avec le Ballet national du Canada?

R: Je n’ai pas été approché par Les Grands Ballet Canadiens, mais je l’ai été par des compagnies renommées comme le American Ballet Theatre de New York, The Royal Ballet de Londres et La Scala de Milan.

Je demeure avec le Ballet national du Canada parce que son répertoire est très intéressant pour moi et à cause de la réputation de la compagnie.

Q: Danser au nouvel opéra de Toronto est-il plus difficile ou facile qu’avant?

R: J’aime danser au Four Seasons Centre for the Performing Arts, car sa grande salle est beaucoup plus intime que le Hummingbird Centre et qu’on y sent vraiment qu’on danse pour quelqu’un.
Au Hummingbird Centre, on ne voyait pas l’auditoire et on avait parfois la sensation de danser devant une salle vide.

Q: Allez-vous danser le Lac des Cygnes avec Heather Ogden en mars? Êtes-vous mariés?

R: Oui, je vais jouer le rôle principal du Lac des Cygnes avec la danseuse étoile Heather Ogden en mars. On va se marier en juillet 2010.

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Q: Du point de vue d’un danseur, qu’est-ce qui a changé en ballet classique au cours des 20 dernières années?

R: Les rôles masculins au ballet ont changé beaucoup au cours des 20 dernières années. Nos rôles sont devenus beaucoup plus exigeants physiquement et aussi émotionnellement et artistiquement; il faut faire preuve de nettement plus de profondeur.

Tout a commencé avec les deux grands danseurs russes Nureyev et Baryshnikov… ils ont complètement changé le rôle des hommes au ballet. Avant eux, les hommes servaient surtout de support pour une ballerine.

Je reviens tout juste d’une tournée aux États-Unis avec Kings of Dance dont tous les danseurs sont des hommes. C’est tout un changement.

Q: Est-ce que le ballet est une bonne voie pour devenir un artiste complet? Un être humain épanoui?

R: Oui, je pense que le ballet est très enrichissant pour un artiste. Je pense qu’on naît artiste, on ne le devient pas, et que chaque artiste doit trouver le bon débouché pour exprimer l’art qui vit en lui.

La danse est certainement la forme d’art qui me va le mieux, mais je m’exprime aussi par la composition musicale et la chorégraphie.

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Q: Que voyez-vous dans votre avenir?

R: Des bébés… Je veux fonder une famille avec Heather. Bien sûr, je veux aussi continuer à danser. Je suis aussi en train de chorégraphier un nouveau numéro nommé Impermanence, avec Zdenek Konvalina qui est aussi danseur étoile du Ballet national.

J’ai composé la musique et Zdenek en fait la direction artistique. La première de ce numéro sera présentée à Florence le 15 mai et ensuite au Centre national des arts d’Ottawa le 7 juin.

Auteur

  • Benoit Legault

    Journaliste touristique basé à Montréal. Collaborateur régulier au Devoir et à l-express.ca. Responsable de la rédaction de guides Ulysse. Benoit Legault a remporté plusieurs prix de rédaction touristique. Il adore l'Ontario et ses Grands Lacs.

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