L’ancien combattant Ed Carter Edwards au Lycée français de Toronto

Sans remords ni regrets

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Publié 24/11/2009 par Guillaume Garcia

Lorsqu’il s’engage dans la Royal Air Force canadienne en tant que parachutiste, Ed Carter Edwards sait ce qui se passe en Europe. Hitler a déjà conquis la Pologne, l’Autriche, la Hongrie et puis la France. Il faut sauver la démocratie, la liberté, c’est son devoir. Son avion s’écrasera en France et après avoir failli rejoindre l’Angleterre, il sera envoyé à Buchenwald et en sortira vivant. Une longue histoire, riche en émotions, que les élèves du Lycée français de Toronto (LFT)ont écouté bien sagement installés dans la bibliothèque, mercredi 18 novembre dernier.

Étudier l’histoire est une chose, la vivre en est une autre. Ed Carter Edwards a vécu l’histoire et pas juste un peu. Engagé volontaire dans la Royal Air force canadienne, il est affecté sur un bombardier qui décolle de Londres pour aller détruire les installations ennemies.

Il est fier d’avoir fait «Berlin», sorte d’ultime mission lorsqu’on est sur un bombardier au départ de la capitale Britannique. Il faut traverser toute la zone militarisée allemande avant de pouvoir lâcher les explosifs. Le risque est énorme, mais comme le répète Ed Carter Edward, «we had to do a job».

Cette rengaine revient comme une explication à son choix de s’engager, de prendre autant de risques pour sauver des vies et des idées, alors que la guerre ne touche pas directement le Canada. «C’était mon devoir», indique le vétéran, qui n’a rien perdu de son espièglerie et débite son histoire à toute vitesse, la gonflant d’anecdotes.

Une nuit, la mission échoue et le bombardier dans lequel il se trouve s’écrase en France. Lui et ses camarades se sont éjectés, ils retombent en territoire ennemi. Ed Carter Edwards rallie une maison et tente d’entrer en contact avec la résistance. Il se retrouve à Paris et se fait trahir par un collaborateur.

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Emprisonné à Fresnes, au regard de son faux passeport que lui a donné la résistance, il n’est pas considéré comme un militaire. Il est donc envoyé au camp de Buchenwald. Ce camp sert d’usine pour la fabrication de pièces destinées aux missiles V1 et V2, il ne s’agit pas d’un camp d’extermination, mais bien d’un camp de concentration. Il y survivra et sera finalement interné dans un camp régi par des militaires allemands de la première guerre mondiale.

Cette histoire reste lourde à porter, mais Ed Carter Edwards ne cesse de répéter qu’il est heureux d’avoir vécu cela, il a ainsi pu voir ce qui se passait vraiment dans les camps et comment y était traité l’être humain. Il a posé sa pierre à l’édifice de cette grande histoire de la seconde guerre mondiale. Ed Carter Edwards ne raconte pourtant son histoire que depuis une dizaine d’années, du fait du scepticisme de certains par rapport à ce qui s’est vraiment passé dans les camps.

À la fin de l’intervention, on peut sentir tout le poids du passé sur les épaules des lycéens. La salle est calme. Les élèves semblent réaliser que cet épisode noir de l’histoire n’est pas si loin que ça, certains l’ont vécu. Pour Virginie Sieg, la prof d’histoire, ce genre d’intervention offre un moyen aux élèves de «comparer le récit de l’histoire et celui d’un acteur et ce n’est pas forcément concordant.

Mais sur les camps, il dit bien que Buchenwald n’était pas un camp d’extermination mais un camp de concentration, il a un discours très proche de celui des historiens.» C’est aussi l’occasion pour les élèves d’aller plus loin que juste les cours où, ils n’ont pas de «témoignage direct», explique Thibeault, un élève du LFT.

Cette intervention fait suite à la rencontre le 14 juillet dernier, lors de la fête du 14 juillet organisée par le Consulat général de France à Toronto, entre Dominique Duthil et Ed Carter Edward. Enchanté par le dynamisme du vétéran, le proviseur du LFT a organisé sa venue devant les élèves.

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La France lui a décerné la plus haute distinction qu’elle peut offrir, la légion d’honneur. Ed Carter Edwards doit continuer de raconter son histoire, pour que tout le monde se rappelle de ce qui s’est passé à ce moment là.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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