Quand Michael Ignatieff rencontre les médias multiculturels

Le défi: définir l'alternative libérale

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Publié 15/09/2009 par Guillaume Garcia

La bataille électorale commence fort, sur les publicités du Bloc Québécois, le Premier ministre Stephen Harper et le candidat libéral Michael Ignatieff sont mis dans le même sac. Les publicités libérales, elles, ciblent la mauvaise gestion des Conservateurs. Venu répondre aux questions des journalistes des médias multiculturels et ethniques à Toronto la semaine dernière, le leader libéral tire à boulets rouges sur le gouvernement conservateur, histoire que tout le monde saisisse bien les différences de lignes politiques.

Comment se mettre les nouveaux arrivants et leurs proches dans la poche? En rappelant encore une fois l’histoire de la famille Ignatieff, qui a vécu le rêve canadien en partant de rien et qui s’en est sortie plutôt pas mal. L’argument est bien léché: sans les immigrants le Canada ne serait pas le beau et grand pays qu’il est devenu.

Dans la salle se trouvent des journalistes Indiens, Chinois, Iraniens, Turques, Bangladais, d’Asie du Sud-Est, Russes. Ces journalistes n’ont pas toujours la possibilité de rencontrer les hauts personnages de la vie politique lors des rassemblements classiques.

Le chef libéral entame la rencontre par un petit discours qui vise à ne froisser personne et démontrer que les Conservateurs ne font rien pour aider les immigrants. Le gouvernement Harper aurait manqué plusieurs grands rendez-vous avec l’explosion économique de la Chine et de l’Inde; s’ils arrivent au pouvoir, les Libéraux tâcheront de remonter la pente. En tout cas, c’est la position que défend Michael Ignatieff.

La Chine et l’Inde

Les Conservateurs restent collés aux basques des Américains, les Libéraux développeront leurs réseaux à travers le monde. L’immigration venue de Chine ou d’Inde servira de tremplin pour aller investir dans ces pays et le Canada doit jouer un rôle de chef de file dans la mise en place d’un G20 plutôt que d’un G8, affirme Michael Ignatieff. Ça tombe bien, le prochain rassemblement du G8 se déroule à Huntsville, en Ontario.

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Vient le temps des questions. Et là, surprise, peu de sujets électoraux tels que l’économie, le système d’assurance-emploi, sont abordés. Mais Michael Ignatieff connaît son métier et dévie toujours un peu sur la crise et le déficit encourus sous les Conservateurs.

«Le gouvernement nous a emmené au déficit avant même que la récession commence», accuse le chef de l’opposition. «Si on avait tendu la main aux pays comme la Chine et l’Inde, nous n’en serions pas là», poursuit-il.

Mais ce qui intéresse les journalistes venus questionner celui qui semble le mieux placé pour ravir sa place à Stephen Harper, ce sont les problèmes de leurs compatriotes dans leur pays, les visas, et l’action du Canada dans ces pays.

Habilement, Ignatieff ramène toujours cela au Canada avant de répondre sur la manière dont il voit les choses. Il profite d’une question sur la nécessité ou pas d’élections cet automne – compte tenu de la crise financière et de l’argent que coûte une campagne et l’organisation d’un vote – pour amener l’idée que les Canadiens veulent des élections parce qu’ils veulent une alternative et qu’ils veulent également savoir qu’un parti, le Parti libéral, est motivé pour changer la donne, reconstruire l’économie et réduire le chômage.

En filigrane, il aurait pu prendre le pouvoir en pleine tempête économique l’hiver dernier. Il ne l’a pas fait. Il ne ratera pas la prochaine occasion de le faire.

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L’Iran et Israël

Les questions s’enchaînent. Un journaliste iranien demande ce que compte faire le chef libéral s’il venait à être élu pour accélérer les demandes de visas en provenance d’Iran. Un journaliste d’un média juif demande à Michael Ignatieff de définir sa position sur l’Iran quant aux propos antisémites du président iranien…

Le chef libéral reste calme, répond aux questions sans trop se mouiller, mais l’exercice est périlleux; comment faire plaisir à l’un sans froisser l’autre? À ce petit jeu, il s’en sort plutôt bien.

Pour ce qui est du Canada, l’un des sujets cruciaux abordés concerne la position canadienne sur l’Arctique. Michael Ignatieff critique le crescendo militaire du gouvernement Harper et prône l’idée qu’il faille s’assurer de la défense des intérêts et des territoires de chacun, tout en entretenant un dialogue avec les Russes et les Américains. Michael Ignatieff propose également la création d’un ambassadeur de l’Arctique pour calmer le jeu.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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