La loi sur les langues officielles fête cette année son 40e anniversaire et le temps est venu de faire les comptes. Graham Fraser, commissaire aux langues officielles profite de l’occasion pour évaluer le chemin parcouru et celui qui reste à faire pour atteindre les objectifs établis il y a 40 ans. La fédération des communautés francophones et acadiennes fait un constat amer, la dualité linguistique canadienne fait du sur-place.
«D’un rapport à l’autre ce sont des mots comme stagnation, plafonnement et minimaliste qui reviennent», regrette Lise Routhier-Boudreau, présidente de la FCFA, à la lecture du troisième rapport de Graham Fraser.
Dans son rapport, le commissaire aux langues officielles commence par une touche d’optimisme en déclarant que les six personnes qui se sont succédées à la barre du Commissariat ont toutes contribué aux renforcement de la place du français et de l’anglais dans les institutions fédérales et dans la société canadienne. Mais dès le deuxième chapitre du rapport, il revient à la réalité de la situation et regrette une stagnation dans le domaine de la dualité linguistique depuis les années 90. Pire, l’étude d’un échantillon d’employeurs ayant rempli un bulletin de rendement cette année montre une détérioration de l’offre active en matière de services à la personne.
Un manque de leadership
Le commissaire insiste sur le fait que «les changements récents réalisés par le gouvernement fédéral ont eu pour effet d’affaiblir la structure de gouvernance des langues officielles». Le gouvernement actuel, à travers sa feuille de route pour la dualité linguistique 2008-2013 agir pour l’avenir, est vivement critiqué pour la coquille vide que représente ce programme, qui ne propose aucune garantie de fonds pour accroître la prise en compte des langues officielles dans les institutions fédérales. «Je ne peux m’empêcher de remarquer l’absence d’objectifs précis rattachés à la feuille de route, sur lesquels le gouvernement pourrait rendre des comptes. Si les investissements dans divers programmes sont certainement les bienvenus, le gouvernement gagnerait à énoncer un vision cohérente de ce qu’il compte accomplir», analyse le commissaire aux langues officielles. Le gouvernement en rend pour son grade sur ce sujet précis. Les financements ne sont pas là et les communautés attendent toujours les détails de la mise en oeuvre de ce plan.
Graham Fraser indique que dans la conjoncture actuelle «seul le leadership du gouvernement fédéral et un partenariat accru avec les autres ordres du gouvernement permettront d’éviter que la crise économique n’érode les gains des communautés de langue officielle, difficilement acquis au fil des ans».