Samedi 18 avril, l’organisation non-gouvernementale WWF (le Fonds mondial pour la nature) organisait pour la 19e fois l’ascension de la Tour CN, un événement-bénéfice. 5000 personnes ont répondu présentes. Elles étaient prêtes à se faire mal aux jambes pour la bonne cause. Parmi elles, Stéphane Chu du Lycée français de Toronto, l’ancien rédacteur en chef de L’Express Yann Buxeda et le journaliste Guillaume Garcia. Le rendez-vous était matinal, entre 6h et 10h. Après deux longues heures d’attente, les marches pointaient leur nez, au nombre de 1776, parcourant les 144 étages de notre fameuse Tour CN.
Six heures et demi, le réveil sonne. Pour dire la vérité, il m’arrive rarement de me lever aussi tôt un samedi. Le temps de me préparer, de vérifier sur Internet que j’ai bien le minimum de 75 $ nécessaire à effectuer la montée, je pars de chez moi vers 7h30. Pour prendre part à ce défi, chaque participant devait organiser une levée de fonds, «pour aider les pandas», résumeront certains…
Huit heures du matin, le hall de la gare Union est plein à craquer. Des milliers de grimpeurs attendent patiemment leur tour pour déposer leurs affaires, finaliser leur inscription et récupérer le fameux sésame pour commencer la montée. Deux heures plus tard, quelques marches se présentent, elles ne font pas partie de la montée à proprement parler. Après deux étages, un jeune volontaire de WWF crie «ça commence là». Pas le temps de réfléchir, on entame l’ascension. Chaque étage fait une douzaine de marches, on s’aperçoit vite qu’on ne pourra pas vraiment avancer à son rythme, deux personnes montant côte à côte et le chemin est barré. Il nous faudra des jambes et de la patience. Partis sur un bon rythme, nous doublons par la voie express, la voie de gauche, en essayant de ne bousculer personne, certainement la chose la plus difficile de la matinée.
Notre guide, Stéphane nous avait prévenu, «relevez la tête le plus tard possible, sinon la vue du numéro de l’étage vous coupera les jambes d’un coup». Message compris. On monte, on double, on se fait peu doubler, bon signe. La douleur commence à se faire sentir, pourtant on ne court pas, on marche vite, avalant les marches deux par deux sur le conseil de Christophe Goutaudier, professeur de sport au Lycée français. C’est vrai, il s’avère impossible de courir dans ces escaliers, ils sont trop courts, pas assez larges et bondés de monde. Ils n’ont pas été construits pour une course, étrangement…
Les étages passent, chaque palier sert de pause pour beaucoup de personnes parties trop vite. On ne regarde pas, nous aussi on souffre, ne penser à rien, monter. Les jambes sont raides, l’acide lactique s’en donne à cœur joie, je n’en peux plus, je regarde le numéro de l’étage, 60, même pas la moitié… mais je suis agréablement surpris, je m’attendais à moins! La piste est plus dégagée maintenant, les gens montent à droite, me laissant passer. Je dois être sur un bon rythme. Je n’en sais rien en fait, je ne sais pas quand je suis parti, je ne sais pas combien de temps je peux encore tenir comme ça, chaque pas devient plus dur.