Les temps sont durs pour les soins de longue durée

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Publié 22/12/2008 par Annik Chalifour

Les membres des Centres d’Accueil Héritage ont célébré une fête de Noël le 17 décembre. Les festivités traditionnelles n’empêchent cependant pas le directeur général Gérard Parent de travailler au lancement, prévu pour janvier, d’une campagne de lettres pour sensibiliser la population au manque de ressources en français à Toronto pour les personnes âgées nécessitant des soins de longue durée, comme les personnes souffrant de maladies chroniques, de démence, ou du VIH.

«Nous demanderons aux gens d’envoyer une lettre à David Caplan, ministre de la Santé de l’Ontario», précise M. Parent, rencontré par L’Express à la fête de Noël. La lettre sera accessible en ligne sur le site Internet www.caheritage.org.

«Une subvention annuelle de 1.158 millions $ octroyée par l’un des cinq centres régionaux de santé de Toronto (RLISS), nous permet de maintenir des services de soutien (soins personnels, travaux ménagers, repas), des services communautaires (transport et accompagnement, appels de sécurité, rappels de médicaments), ainsi que des services d’aide à domicile auprès de personnes âgées de santé frêle mais autonomes. En moyenne, nos locataires sont âgés entre 75 et 80 ans», dit M. Parent.

Cependant, dans le cas où un locataire de l’un des 135 appartements gérés par les Centres d’Accueil Héritage développe une maladie mentale comme par exemple l’Alzheimer ou subit une maladie chronique nécessitant une présence constante, il doit quitter son logement.

«Nous ne sommes pas en mesure de procurer des soins de longue durée 24h sur 24. Nous avons même demandé des fonds supplémentaires pour augmenter nos services de jour et pour ouvrir un autre point de service dans l’ouest de la ville plus spécifiquement pour les personnes atteintes d’Alzheimer», précise M. Parent.

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Mme Hélène Lavoie habite depuis presque quatre ans à Place Saint Laurent où se trouvent les logements gérés par la corporation Les Centres d’Accueil Héritage. Sa fille, Sylvie Lavoie membre du CA des Centres Héritage, vient d’apprendre que sa mère souffrant d’Alzheimer devra bientôt quitter son logement. «J’ai rapidement découvert que les options de soins de longue durée en français à Toronto sont pratiquement inexistantes. Il n’y que l’aile Omer Deslauriers (32 lits) situé au Centre Bendal Acres à Scarborough. Sinon il faut aller au Foyer Richelieu à Welland à une heure et demie de route d’ici», dit-elle.

Il existe à Toronto «Providence Villa» qui dispense des soins de longue durée uniquement en anglais. Loin d’être l’option idéale pour une personne non anglophone souffrant d’une maladie mentale.

«Ma mère est présentement suivie par un neurologue anglophone. Elle a passé des tests d’aptitudes en anglais dont les résultats se sont révélés inférieurs comparés aux résultats du même test qu’elle a passé en français», dit Sylvie Lavoie.

Mme Lavoie a déposé une plainte restée sans réponse au ministre de la Santé via l’ombudsman. Elle a écrit à des politiciens, au Toronto Star, sans suite jusqu’à date… Pour le moment, en attendant qu’une solution soit trouvée, Mme Hélène Lavoie bénéficie temporairement de l’aide de bénévoles et d’une gardienne que sa fille a engagé.

Nicole Hotton est coordonnatrice du programme d’activités des Centres d’Accueil Héritage. Ce programme vise à sortir les aînés de leur isolement, les garder actifs et leur permettre de se faire des amis. 360 aînés en sont membres. Les festivités annuelles de Noël sont un exemple d’activités du programme destiné aux membres du centre qui proviennent des Centres d’Accueil Héritage et d’ailleurs. M. Jean Tété est coordonnateur des bénévoles ressource inestimable au service des aînés depuis trois décennies.

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M. Parent précise que 35 des 135 logements de Place Saint Laurent (33 Place Hahn) sont loués au bas prix du marché au public en général. Les autres logements sont loués à des personnes âgées à faible revenu. Les locataires paient en fonction d’une évaluation de leurs revenus. Dix logements sont réservés à des personnes atteintes du VIH.

Le temps d’attente pour obtenir un logement à Place Saint Laurent peut varier d’une à trois années. Les résidents, tous francophones ou connaissant le français, sont issus de partout au Canada et d’autres pays tels que la France, Belgique, Norvège, les Pays-Bas, Haïti pour n’en citer que quelques-uns.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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