Un mois d’exposition à l’Alliance française, un voyage en France pour assister aux Rencontres d’Arles, voilà les prix gagnés par Devin Jeffrey, jeune diplômé d’arts visuels de l’université Ryerson, lauréat d’un concours organisé, tous les ans depuis cinq ans, conjointement par l’Alliance française, le Consulat français à Toronto et l’université Ryerson. Sur la douzaine de projets étudiés par le jury, la série de photographies Soldats de Devin Jeffrey a rassemblé le plus de suffrages et tous font remarquer l’originalité de l’idée.
Des cours de français, voici la dernière partie du prix remporté par Devin Jeffrey. Et oui, si le concours de photo est organisé en partie par l’Alliance française de Toronto et le Consulat français de Toronto, «être francophone n’est pas une contrainte pour y participer, rappelle Jean-Claude Duthion, directeur de l’Alliance française, et ce serait abusif car il s’agit ici de juger de l’art.» Pour Jean-Claude Duthion, Joël Savary (attaché culturel au Consulat général de France à Toronto) et Pierre Tremblay (professeur à l’université Ryerson), le projet de Devin Jeffrey était «le plus cohérent et le plus original et pouvait donner une très belle exposition».
L’originalité du concept la voilà: photographier des militaires de dos, sur fond noir, du casque aux épaules. Devin Jeffrey a lancé cette série à partir d’un premier cliché, qui n’était pas forcément destiné à devenir le point de départ d’une série: «Je trouvais que cette image avait beaucoup de potentiel et un grand impact visuel.» Si une impression de déjà-vu vous envahit lorsque vous parcourez l’exposition, ne vous inquiétez pas, c’est normal. «J’ai voulu présenter l’idée de perte d’identité à travers les photographies de soldats, sans visages, on ne voit que le nom brodé sur l’uniforme. La série traite plus du groupe, de l’unité, que de l’individu», explique le lauréat du concours.
La série de photographies présentant des soldats de dos pousse le spectateur à devoir faire plus minutieusement attention aux détails. Le nom sur la veste, les cheveux dépassant du casque, la couleur de la peau, la posture ou bien la façon de mettre le casque sur sa tête sont autant de petits points à relever pour voir que même si l’uniformisation est réelle, des différences persistent et sont notables.