À Green Valley, les oiseaux chantent leurs prophéties, inlassablement…
D’ailes et d’ailleurs.
À Green Valley, nous avons appris à faire fondre l’amertume au soleil avec ce qu’il reste des hivers bleus. Nous connaissons les couleurs de l’attente, celles du manque aussi. Mais le vent nous comble assidûment de ses caresses, chasse le vide qui sommeille au creux de nos paumes et nous offre le plus grand des apaisements, la plus vive des absolutions.
À Green Valley, femmes et hommes de terre, nous sommes. L’eau, nous ne savons point. Chez nous, elle vient des profondeurs. Notre maigre rivière Beaudette sèche en été. Nous ne connaissons que la robe parfumée des lilas de mai, la sueur salée de juin, les sillons secs en juillet au milieu des champs, les monarques et la frénésie orange de leurs ailes en août, les récoltes chaudes en septembre, les arbres à fruits chargés de soleil sucré, les pommes tombées de tout leur suc, les dahlias, la terre noire et mouillée entre les doigts. Les étangs savent toujours faire fleurir leurs nénuphars.
Les jardins poussent assidûment. Le sol est usé, mais il ne manque jamais de volonté.