On en parle encore partout, dans les bars, les restaurants, et à l’heure du déjeuner, entre collègues de travail. Après 12 années de règne libéral, une mini-vague conservatrice s’est abattue sur l’ensemble du Canada pour faire basculer le pays dans le camp des bleus.
À la tête d’une minorité fragile, Stephen Harper, qui sera assermenté lundi prochain, a affirmé son intention de passer rapidement des paroles aux actes en mettant en oeuvre ses principales promesses. Et les attentes sont grandes après l’élection de ce nouveau gouvernement. Il y a également beaucoup d’incertitude, bon nombre de «peut-être», «attendons de voir», «oui, mais» – scénarios hypothétiques doublés d’une certaine inquiétude face à la montée en puissance d’un gouvernement qui a certes fait ses classes dans l’opposition, mais n’a jamais été à la tête du pays.
En Ontario, les représentants des milieux francophones font état de prudence tout en pressant le nouveau premier ministre d’honorer ses engagements. Ils annoncent qu’ils suivront le prochain gouvernement à la trace et espèrent que Stephen Harper pourra continuer le dialogue avec les minorités linguistiques du pays.
Le vice-président du Collège Boréal pour la région du Centre-Sud-Ouest, Wesley Romulus, retient son souffle en affirmant qu’au sein de son institution, tout le monde est en attente, dans une période de wait and see. «Nous avions l’habitude de transiger avec un gouvernement libéral et, ce, depuis la création du Collège, affirme M. Romulus en entrevue. Nous connaissons leur façon de fonctionner, leur philosophie face au bilinguisme, à l’éducation en français, aux francophones hors Québec. Si les conservateurs ont une nouvelle approche, nous allons composer avec cette dernière, mais pour l’instant, nous attendons de voir quelles sont les couleurs qui vont être annoncées.»
Éviter de brusquer les Canadiens
Nerveux ou inquiet, le vice-président du Collège Boréal affirme ne l’être nullement face au changement de gouvernement. «Si M. Harper s’en sortait avec une majorité écrasante, ce serait probablement une autre paire de manches, dit-il. Mais, au sein de ce gouvernement minoritaire, il s’est fait passer des menottes aux mains. Ces dernières sont reliées aux mains d’autres chefs. M. Harper doit composer avec d’autres factions et s’il tire dans une direction trop extrême, les autres partis le feront fléchir», affirme M. Romulus .