Monika Mérinat fait un voyage en Cisjordanie pour voir son fils Barnabé qui vit depuis juin dernier à Naplouse. Les autorités israéliennes ayant refusé de renouveler son visa de séjour, Barnabé est prisonnier de la ville dont les issues sont surveillées jour et nuit par l’armée du pays occupant. Deux amis de son fils l’accompagnent à Bethléem.
Bethléem est une ville ancienne, ravissante une fois vidée des 50 000 visiteurs et pèlerins qui s’en emparent à Noël. Nous sommes presque seuls à visiter la Basilique de la Nativité, construite au dessus de la grotte marquant l’endroit où se serait trouvée la mangeoire où reposait l’enfant Jésus.
Les habitants de la ville sont des musulmans et des chrétiens, sous surveillance sévère de l’armée israélienne, les postes de contrôle routiers et le «mur de sécurité» sont là pour vous le rappeler.
Au déjeuner, la conversation avec Wafa et Michael en vient forcément à leur pays qui n’en n’est toujours pas un, leur avenir, à la «situation». Wafa enseigne dans la toute première école Montessori de Naplouse. Aux petits de trois ans et plus, elle fait répéter en anglais les activités auxquelles ils viennent de participer en arabe. C’est une école privée, le prestige des «nouveaux riches», dit-elle.
Michael fait une maîtrise en comptabilité. Rêvent-ils de partir, d’être libres, d’aller et venir à leur guise dans un pays où ils auraient des droits égaux à tous les autres? Non. Il est important de rester. Partir, c’est laisser la place libre à l’occupant et aux 250 000 colons, c’est abdiquer.