Un des avantages de ce métier de critique musical est de pouvoir se bâtir, au fil des ans, une discographie permettant d’agrémenter à peu près toutes les occasions. Et parmi les occasions en question, peu imposent leurs propres attentes – et leur propre musique – avec autant de force que cette saison des Fêtes.
Ce qu’il y a d’intéressant, dans les disques de Noël, c’est ce tiraillement auquel ils semblent soumis: tout en répondant aux attentes dictées par nos souvenirs (ce qui comprend l’attente d’instaurer au plus profond de nous ce sentiment de plénitude, de bonheur, que les plus chanceux d’entre nous associent à l’enfance), ils doivent s’en éloigner assez pour offrir quelque chose de nouveau et ainsi justifier leur présence sur un marché déjà saturé.
En d’autres mots: donnez-nous aujourd’hui notre musique de Noël, mais donnez-nous aussi une raison d’acheter votre disque…
L’ange Gabriel troque sa trompette pour un piano
Il y a quelques semaines, je vous disais tout le bien qu’il fallait penser de la Rhapsody In Blue pour piano solo que nous offrait Matt Herkowitz. L’an dernier, le pianiste new-yorkais qui réside maintenant à Montréal en avait surpris plus d’un avec L’Ange Gabriel – Suite de Noël pour piano (Disques Tout Crin/Fusion III), un disque dont le vieux Dave Brubeck, qui s’y connaît en la matière, avait dit qu’il était «sans failles sur le plan technique, et à des années-lumière d’avance sur le plan harmonique».