Le MOFIF veut contrer le racisme à l’école et au travail

Reconnaître les signes

Manifestation torontoise contre le racisme et la brutalité policière. Photo: Philippe Davisseau
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Publié 15/09/2020 par André Magny

Pouvait-il en être autrement? Avec tous les événements tragiques des dernières semaines, le Mouvement ontarien des femmes immigrantes francophones (MOFIF) réagit.

Il a jugé opportun, pour la rentrée scolaire et dans le cadre de ses Rencontres virtuelles, de programmer des webinaires pour mieux outiller parents et jeunes face au racisme à l’école. Parce que ce n’est pas irréversible.

«Je suis devenue Noire au Canada.» Cette phrase chargée de sens, c’est la directrice du MOFIF, Carline Zamar, qui la prononce. Basée à Toronto, cette femme engagée au sein de sa communauté, également comédienne, est d’avis «qu’il faut savoir reconnaître les signes».

Carline Zamar

La différence, c’est souvent l’autre qui nous la fait ressentir. C’est encore plus vrai avec les enfants. «Ce sont eux qui sont les plus vulnérables dans tout ça.»

Heureusement, la directrice du MOFIF estime qu’au sein de la société canadienne, la question du racisme est prise plus au sérieux aujourd’hui qu’elle ne l’était au début du siècle. «Mais on ne va pas y arriver si on ne met pas la main à la pâte.»

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Journée pizza

Puisque le racisme peut venir de celui ou celle qui est en autorité à l’école, il faut être en mesure de le contrer. Parfois, au départ, c’est la non-connaissance d’une situation culturelle qui amène le préjugé, qui se transformera en racisme.

L’enseignante à la retraite Jacqueline Jean-Baptiste a coanimé le webinaire du lundi 14 septembre en compagnie d’Antoine Dérose, enseignant en travail social.

Jacqueline Jean-Baptiste

Celle qui fut membre du groupe de travail sur l’antiracisme et l’équité ethnoculturelle au sein du ministère de l’Éducation de l’Ontario à la fin des années 90 donne l’exemple d’une journée pizza, proposée en début d’année à des enfants dans une classe du primaire.

Un mot est envoyé aux parents dans le sac d’école de l’enfant pour leur demander 2,50 $ pour cette activité. Supposons que dans cette classe, il y ait trois ou quatre enfants noirs, qui viennent d’arriver au Canada. Lors de la fameuse journée pizza, les enfants n’ont pas apporté l’argent… pas nécessairement par manque d’argent.

«Il ne faut pas penser que Noir égale automatiquement pauvre», tient à rappeler Mme Jean-Baptiste. «Dans leur pays d’origine, peut-être qu’une telle journée n’existe pas. Peut-être qu’aussi que les parents sont trop occupés à se trouver un emploi.»

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On n’a toutefois qu’à imaginer la suite si, lors d’une autre activité, l’expérience se répète. Les enfants noirs seront inévitablement étiquetés par les enseignants. Alors, comment faire pour éviter une telle situation?

Des statistiques parlantes

Son collègue Antoine Dérose amène l’idée suivante: «Il faut faire des campagnes de sensibilisation dans les écoles», explique celui qui fut notamment enseignant au Collège Boréal, mais aussi travailleur social et membre du conseil d’administration du Centre francophone de Toronto.

Antoine Dérose

Il vient de fonder Point Ancrage Jeunesse, «destiné à donner une voix plus forte aux jeunes Noirs à risque».

Statistiques à l’appui, il soutient qu’il n’est pas normal que, sur une population de 12% de Noirs au sein du Conseil scolaire anglophone de Toronto (TDSB), 48% des renvois temporaires ou permanents concernent les élèves noirs. «Il faut être capable de détecter les micro-agressions, qui affectent l’estime de soi.»

Un exemple? Antoine Dérose rapporte le cas d’un enseignant, qui, lorsqu’un élève noir lui a remis son devoir, a lancé d’emblée: «Qui t’a aidé à faire ce travail?»; comme si le jeune élève n’avait pu produire un bon travail tout seul.

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La diversité, un atout

Le 21 septembre, ce sera au tour de Dorothy Alexandre d’animer le webinaire intitulé «Racisme et leadership, la diversité un atout» pour le MOFIF.

Coordonnatrice externe dans l’équipe Inclusion des communautés de Radio-Canada, elle œuvre dans l’univers des médias et des communications depuis 2009. Son action à Radio-Canada l’amène à favoriser l’accès des talents issus de la diversité à la société d’État et à ses fournisseurs, en les identifiant et en soumettant leurs candidatures.

Dorothy Alexandre

De par ses fonctions, Dorothy Alexandre est en quelque sorte un pont entre les gestionnaires de Radio-Canada et les gens des communautés culturelles issus du théâtre, de la télé ou de l’animation, mais aussi ceux qui travaillent en scénarisation, réalisation ou en production.

Que ce soit à Montréal ou dans les autres stations francophones au Canada, elle est là pour montrer «que l’état de la situation est prioritaire» quant à la représentation des communautés culturelles tant sur nos écrans qu’à la radio.

Contactée par le MOFIF pour venir discuter de la diversité, en mettant notamment l’accent sur son propre parcours atypique, Dorothy Alexandre est d’avis que les choses peuvent avancer dans la société «pour autant que nous ayons des discussions franches, même quand ce sont des sujets difficiles à aborder. J’ai espoir que les choses changent, pour autant que ça parte de l’individu vers le collectif.»

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