Ils sont plus de 250 000 enfants âgés de moins de 18 ans, avec une proportion grandissante effarante de moins de 10 ans, à transiter de leur communauté d’origine vers une ville ou un pays annexe pour travailler dans des mines d’or, des plantations de cacao ou de café, pour offrir leurs services domestiques ou mendier dans les rues pour le compte de marabouts. Ils viennent du Mali, du Burkina Faso, de Guinée, du Bénin, de Côte d’Ivoire ou du Sénégal et constituent une denrée rare: la main-d’œuvre jeune et démunie, et donc pas cher et malléable. Ils sont les sacrifiés d’une société économiquement et socialement instable.
Le trafic des enfants s’inscrit dans un contexte sous-régional de migrations transfrontalières de toutes sortes, en particulier pour des activités de commerce aisément assimilables à des trafics en tout genre. Cette «économie de la fraude» se développe d’autant plus que les difficultés économiques et la pauvreté des pays poussent beaucoup de ses ressortissants à chercher leur salut dans le commerce.
De nombreuses régions de l’Afrique de l’Ouest sont exposées à la sécheresse, rendant ainsi les zones rurales affaiblies et démunies. La migration vers des zones urbaines ou vers les grandes villes de pays limitrophes semblent alors la solution toute désignée pour un avenir meilleur.
Victimes de pauvreté, de nombreuses familles doivent se résoudre à envoyer leurs enfants travailler ailleurs, en ville ou dans des pays « plus riches ». Cet exode d’enfants non accompagnés expose les jeunes à de nombreux trafiquants peu scrupuleux ou à de tentantes promesses rarement tenues.
Pour ceux-là, l’esclavage et la mendicité forcés ou la prostitution terminent souvent leur migration. Les enfants qui parviennent à atteindre leur localité d’accueil sans encombre n’en demeurent pas moins confrontés à des traitements et des conditions de travail extrêmes : violence, abus, horaire et tâches harassantes, sous-alimentation, etc…