Le Canada engagé contre le trafic d’enfants

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Publié 26/09/2007 par Aurélie Resch

Ils sont plus de 250 000 enfants âgés de moins de 18 ans, avec une proportion grandissante effarante de moins de 10 ans, à transiter de leur communauté d’origine vers une ville ou un pays annexe pour travailler dans des mines d’or, des plantations de cacao ou de café, pour offrir leurs services domestiques ou mendier dans les rues pour le compte de marabouts. Ils viennent du Mali, du Burkina Faso, de Guinée, du Bénin, de Côte d’Ivoire ou du Sénégal et constituent une denrée rare: la main-d’œuvre jeune et démunie, et donc pas cher et malléable. Ils sont les sacrifiés d’une société économiquement et socialement instable.

Le trafic des enfants s’inscrit dans un contexte sous-régional de migrations transfrontalières de toutes sortes, en particulier pour des activités de commerce aisément assimilables à des trafics en tout genre. Cette «économie de la fraude» se développe d’autant plus que les difficultés économiques et la pauvreté des pays poussent beaucoup de ses ressortissants à chercher leur salut dans le commerce.

De nombreuses régions de l’Afrique de l’Ouest sont exposées à la sécheresse, rendant ainsi les zones rurales affaiblies et démunies. La migration vers des zones urbaines ou vers les grandes villes de pays limitrophes semblent alors la solution toute désignée pour un avenir meilleur.

Victimes de pauvreté, de nombreuses familles doivent se résoudre à envoyer leurs enfants travailler ailleurs, en ville ou dans des pays « plus riches ». Cet exode d’enfants non accompagnés expose les jeunes à de nombreux trafiquants peu scrupuleux ou à de tentantes promesses rarement tenues.

Pour ceux-là, l’esclavage et la mendicité forcés ou la prostitution terminent souvent leur migration. Les enfants qui parviennent à atteindre leur localité d’accueil sans encombre n’en demeurent pas moins confrontés à des traitements et des conditions de travail extrêmes : violence, abus, horaire et tâches harassantes, sous-alimentation, etc…

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Dans d’autres cas, les parents n’ont pas les moyens d’envoyer leurs enfants à l’école et les confient à des marabouts, responsables de l’éducation religieuse, qui acceptent de prendre en charge ces enfants défavorisés. Ils se rétribuent alors sur l’argent que récoltent ces enfants (talibés) dans la rue pour leur compte, à raison de 300CFA par jour (moins d’1 dollar US).

Le trafic des enfants en Afrique de l’Ouest s’est imposé de manière inquiétante ces dernières années malgré l’adoption de plusieurs accords multilatéraux de lutte contre ce fléau.

En 2003, une demande des autorités du Mali est entendue à l’Agence Canadienne du Développement International (ACDI). Un budget de 3 200 000 dollars est débloqué en faveur de la lutte contre le trafic des enfants en Afrique de l’Ouest. Jusqu’à 2005, la mise en place de centres de transit permet d’intercepter les enfants «migrants» et de les remettre à leur communauté. En 2005 cet effort est arrêté, considéré peu efficace et ne répondant pas à tous les aspects du problème.

L’ACDI réoriente alors son intervention vers un programme de prévention. En partenariat avec l’organisme Save the Children, l’ACDI travaille à sensibiliser parents, communautés et politiques aux dangers auxquels sont exposés les enfants migrants. Il s’agit d’un travail en amont, impliquant une compréhension des facteurs de la migration forcée des enfants et une campagne énergique de prévention.

Des comités de jeunes et des associations collectives locales sont également mis en place pour comprendre, sensibiliser et éduquer, mais aussi réfléchir proactivement sur le trafic des enfants, établir des contrôles et des suivis des enfants envoyés ailleurs.

S’il est difficile de relever rapidement un pays d’une crise socio-économique, quelles sont les mesures qui peuvent être prises à l’échelle locale pour permettre à des enfants de rester travailler dans leur communauté? Leur éviter la mendicité pour le compte d’un marabout? Quel effort les autorités devraient-elles mettre en place et maintenir pour réguler la « circulation » de jeunes enfants travailleurs et contrôler ces communautés pourvoyeuses de main-d’œuvre fragile et pas chère?

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L’utilisation des radios et des médias locaux permet de lancer des campagnes d’information sur les écueils qui peuvent être évités aux enfants en situation de vulnérabilité (par exemple, escorter un jeune de sa maison à son lieu de travail permet sa protection tout au long du chemin et aux familles de se rendre compte de ses conditions de travail).

Des « relais-enfants » sont instaurés dans de nombreuses localités. Ils permettent aux enfants qui travaillent de venir trouver refuge s’ils se sentent en danger dans leur lieu travail ou leur environnement «éducatif».

Le jeune peut prendre conseil auprès d’agents sur place sur les mesures à prendre pour améliorer ses conditions de travail. Il peut trouver une «marraine» qui intercèdera en sa faveur auprès de l’employeur, l’éducateur ou la famille. Dans ces relais, un suivi des enfants est assuré, minimisant ainsi son exposition à de trop nombreux abus.

Ce programme a eu jusqu’à date de bons résultats avec une diminution sensible du trafic d’enfants dans certaines collectivités des zones rurales du Mali et du Burkina Faso. Il semble donc juste que l’ACDI reconduise ses efforts pour quelques années encore.

Il faudrait toutefois ajouter à ces actions conjointes d’organismes gouvernementaux et charitables, une réelle prise de conscience des africains face aux dérives de leurs pratiques culturelles, afin qu’elles ne conduisent jamais à la violation de l’intégrité de ces enfants et à l’acceptation de leur exploitation. Une médiatisation internationale intelligente s’impose, sensibilisant le public et les politiques sur le problème du trafic d’enfants en Afrique de l’Ouest bien-sûr, mais surtout sur les actions menées pour faire face efficacement au fléau et sur celles qui sont identifiées mais qui restent encore à mettre en œuvre.

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Enfin, un dialogue avec la politique centrale est nécessaire pour identifier et affermir l’intérêt des politiciens des pays de l’Afrique de l’Ouest à remédier au trafic des enfants sur leurs territoires et instaurer des mesures efficaces pour en venir à bout. Une démarche longue et lourde qui se met en place petit à petit et qu’il faut soutenir et suivre de près.

Auteur

  • Aurélie Resch

    Chroniqueuse voyages. Écrivaine, journaliste, scénariste. Collabore à diverses revues culturelles. Réalise des documentaires pour des télévisions francophones. Anime des ateliers d’écriture dans les écoles, les salons du livre et les centres culturels.

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