Peu de surprises dans le budget 2015-2016 déposé mardi par le ministre fédéral des Finances, Joe Oliver. C’est un exercice pré-électoral servant à conforter la base conservatrice et piéger l’opposition libérale et néo-démocrate, notamment en atteignant enfin l’équilibre entre les revenus et les dépenses, et en accordant aux contribuables de nouvelles occasions de payer (un peu) moins d’impôt.
Le budget, que le gouvernement persiste à appeler son «Plan d’action économique», et qui fera encore l’objet de belles campagnes de publicité strictement informatives et non-partisanes (!), «soutient nos aînés, nos vétérans et les Canadiens à revenu moyen» selon le ministre, mais contient surtout des «cadeaux fiscaux aux riches», selon l’opposition, qui n’est pas très originale ici elle non plus.
Si tout se passe comme prévu, c’est-à-dire si les Conservateurs de Stephen Harper sont réélus en octobre prochain (ou avant: la loi mandatant des élections à date fixe est aussi insignifiante qu’une loi interdisant les déficits), Ottawa anticipe que l’économie canadienne va lui apporter au cours des douze prochains mois des revenus de 290,3 milliards $ et prévoit dépenser 263,2 milliards $ en services directs et en transferts aux individus et aux provinces.
Il faut ajouter à ces dépenses 25,7 milliards $ en frais d’intérêt sur la dette de 617 milliards $. Celle-ci est censée diminuer tranquillement par la suite (jusqu’à 605,2 milliards $ en 2020 et, à ce rythme-là, à zéro au tournant du siècle), grâce à l’accumulation ininterrompue de petits surplus budgétaires (de 1,4 milliard $ cette année à 4,8 milliards $ en 2020).
Tout ça est un château de cartes, et pas seulement parce que les Conservateurs seront bien remplacés un jour par des Libéraux ou des Néo-Démocrates.