Le Canada est en guerre contre l’État islamique, la milice sanguinaire qui cherche à établir un «califat» en Syrie et en Irak (l’ancien «Levant») et qui a fait des progrès foudroyants cet été, contrôlant déjà plusieurs zones du nord-est de la Syrie, du nord-ouest de l’Irak, et s’approchant dangereusement de Bagdad.
Au sein d’une coalition organisée par les États-Unis, appelés à l’aide par le gouvernement irakien (mais motivés surtout par la décapitation médiatisée de journalistes et de travailleurs humanitaires américains, britanniques et français), le Canada fournira 6 chasseurs-bombardiers F-18, 2 avions de reconnaissance Aurora et 1 avion de ravitaillement en vol, dont s’occuperont 600 hommes et femmes basés au Koweït.
La Parlement a entériné la semaine dernière ce déploiement de six mois, qui reste modeste, décidé par le gouvernement de Stephen Harper. Six mois, ça nous mène au printemps, bien avant les élections fédérales de l’automne 2015, pour mettre fin à la mission si ça tourne mal ou la renouveler si on se couvre de gloire.
Tous les députés conservateurs ont voté pour, presque tous les libéraux et néo-démocrates ont voté contre, 2 bloquistes et 2 ex-bloquistes ont voté contre, la chef des Verts a voté contre, mais son autre député a voté pour. Justin Trudeau aurait préféré que le Canada s’en tienne à la diplomatie et l’aide humanitaire. On sent que Thomas Mulcair aurait voulu nuancer son opposition à l’intervention militaire, mais le NPD ne peut pas se permettre d’être perçu comme étant moins pacifiste que le Parti libéral…
Le premier ministre fait valoir que l’ÉI représente une menace mondiale qui a notamment ciblé le Canada. C’est encore très exagéré, mais ce ne sont pas les bonnes raisons qui manquent pour tenter d’arrêter les massacres dans cette région du monde.