Maires, cyclistes et gangsters

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Publié 11/05/2013 par François Bergeron

Rob Ford avait inauguré son mandat à la mairie de Toronto en annonçant «la fin de la guerre aux automobiles» pour justifier l’élimination d’une taxe sur l’immatriculation, cadeau de la province. C’est une obsession chez lui.

Récemment, il s’est opposé à la création d’une station pour vélos qui aurait pris une vingtaine de places de voitures dans l’immense stationnement sous l’Hôtel de Ville. Mais le Conseil municipal a voté cette semaine en faveur du projet.

Rob Ford vient aussi de se prononcer contre la poursuite de l’expérience Bixi à Toronto, après seulement deux ans. D’autres élus municipaux suggèrent d’intégrer le système (déficitaire) dans le réseau de transport en commun de la ville, comme ça se fait ailleurs dans le monde.

On n’a pas eu le temps d’en discuter cette semaine au Conseil municipal, lors de la session exclusivement consacrée aux transports.

C’est le financement des nouveaux projets de métro et de trains de surface qui a accaparé les débats. Ici, plusieurs milliards de dollars de tunnels et de rails sont en jeu, versus quelques millions pour les vélos.

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Le maire Ford ne voulait pas de cette session sur les nouvelles «options de financement» du prolongement du réseau de transport en commun, puisqu’il s’oppose d’avance à toute nouvelle taxe, péage ou tarif (un fardeau additionnel de 1000$ par année pour chaque contribuable, selon lui).

Rob Ford propose de trouver les revenus additionnels en continuant de rationaliser les dépenses publiques, tant à l’Hôtel de Ville qu’au gouvernement provincial.

C’est Karen Stintz, la présidente de la TTC, une ancienne alliée du maire qui continue de se décrire comme une «conservatrice fiscale», qui a réuni une majorité de conseillers pour renverser la décision du Comité exécutif (dont elle fait partie) de ne présenter aucune recommandation à Metrolinx, l’agence provinciale du transport en commun pour la grande région de Toronto-Hamilton, qui veut arrêter un plan de travail.

On ne peut pas chambarder tous les six mois l’expansion du réseau de métro, de trains de surface et de lignes d’autobus. Ça prend un accord des municipalités impliquées et de la province, à la fois sur les systèmes de transports privilégiés et sur les modalités de financement.

Toronto ne peut pas se permettre de ne pas participer au débat.

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Le Conseil municipal a toutefois passé la semaine à rejeter, les unes après les autres, presque toutes les options de financements considérées par Metrolinx, notamment les plus visibles comme les péages sur les autoroutes menant au centre-ville, à la satisfaction de Rob Ford.

Selon Karen Stintz, ça ne veut pas dire que le Conseil a perdu son temps cette semaine: au moins la province aurait désormais une idée de ce que les Torontois ne veulent pas…

L’exercice a surtout démontré à quel point l’administration de la plus grande ville du pays est dysfonctionnelle. Mais quand on se compare (à Montréal, Laval, Mascouche…), on se console: notre maire à nous n’a pas encore été arrêté pour «gangstérisme»!

* * *
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Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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