Comme promis à ceux que ça intéresse, lors de la dernière campagne électorale, le premier ministre Stephen Harper a annoncé la semaine dernière la création, à l’intérieur du ministère des Affaires extérieures, d’un «Bureau de la liberté de religion».
Cette agence, dotée d’un budget annuel de 5 millions $ et dirigée par un jeune, dynamique et obscur universitaire, Andrew Bennett, promu au rang d’ambassadeur, surveillera et critiquera les pays où les minorités religieuses ont la vie dure, soit parce qu’elles représentent un contre-pouvoir à un régime totalitaire, soit plus simplement en raison de l’intolérance de la majorité qui adhère à une religion rivale…
Ces pays sont nombreux, car toutes les religions sont rivales. Musulmans vs animistes vs chrétiens en Afrique. Hindous vs sikhs vs musulmans dans le sous-continent indien. Catholiques vs protestants vs juifs en Europe. Chiites vs sunnites vs alaouites vs druzes vs ahmadis vs juifs vs chrétiens dans le monde arabe… Quand aux mennonites, mormons, témoins de Jéhovah, falun gong et autres wiccans, scientologues ou naturistes, ils ont aussi leurs histoires de persécution à raconter.
Loin de promouvoir les valeurs canadiennes dans le monde, cette initiative, aux objectifs purement électoralistes, permet aux chicanes étrangères d’infecter le débat politique canadien. Il y a bien sûr quelques chrétiens bien de chez nous qui s’inquiètent de ce que leur église ne puisse pas évangéliser les sauvages n’importe où et n’importe comment, mais il y a surtout des immigrants entretenant telle ou telle allégeance religieuse qui voient là une occasion de régler des comptes avec des éléments de la société qu’ils ont fuie.
Ces gens-là apprécient le geste du gouvernement et auront l’occasion de l’en remercier aux prochaines élections. C’est du moins le calcul que font les Conservateurs. Ça pousse les mêmes boutons psychologiques que l’actualisation et la promotion de nos liens historiques avec la monarchie britannique, une autre lubie de Stephen Harper.