Union africaine: quelle «révolution»?

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Publié 31/07/2012 par Darnace Torou

La bataille a été longue et rude entre M. Jean Ping et Mme Nkosazana Dlamini Zuma pour le poste de Président de la Commission de l’Union Africaine (UA). Cela a aussi été analysé comme un âpre combat entre l’Afrique francophone et l’Afrique anglophone.

La Sud-Africaine a finalement été élue, par un score sans appel. L’ex-épouse du président Zuma est la première femme et la première anglophone à accéder au poste de présidente de la commission de l’Union africaine. À ceux qui parlent d’une victoire anglophone, elle rétorque «Je ne suis pas anglophone, je suis Zoulou».

Le Président de la Commission de l’Union Africaine est une personnalité politique, diplomatique et administrative qui joue un rôle de premier plan dans la vie de l’organisation continentale.

Il y a bien entendu des dessous dans chaque situation et dans le cas d’espèce, certains analystes estiment que Mme Zuma aurait été poussée à l’Union Africaine par son ex-mari, soucieux de gagner en pouvoir sur le continent et dans le système des Nations unies, mais aussi d’éloigner une femme qui pourrait lui faire de l’ombre alors qu’il va briguer un second mandat en vue des élections de 2014.

Que pourra-t-elle?

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On prête beaucoup à celle que l’on surnomme la «Dame de fer» de Pretoria, connue pour son caractère bien trempé et son militantisme sans faille contre l’apartheid.

Cependant l’Acte constitutif est laconique sur les attributions de la Commission, sa configuration organique, la spécialisation de ses membres, etc…

L’UA, en vérité, n’est pas l’affaire du Président. Les décisions viennent des Chefs d’État qui, souvent, démontrent une absence de volonté politique pour adopter des positions fermes sur certains dossiers.

C’est l’avis de l’ancien Secrétaire général de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) l’aïnée de l’UA, M. William Aurélien Eteki Mboumoua dans un entretien du 12 juillet dernier pour qui, «le Secrétaire général de l’OUA n’a aucun pouvoir. C’est une organisation où les chefs d’État ont jalousement préservé leur souveraineté. Voilà pourquoi l’OUA n’a pas pu résoudre les conflits qui secouent le continent. L’OUA a certes eu un résultat : la libération de tout le continent. Il fallait vaincre l’apartheid. L’Union africaine (UA) n’a rien apporté. L’UA a emprunté les habits de l’Union européenne. Les mêmes problèmes restent».

Il est à craindre que Mme Nkosazana Zuma n’ait jamais les moyens d’imposer sa politique autour des intérêts de l’Afrique, à moins d’entrer en conflit ouvert avec les chefs d’État.

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Or, il se trouvera toujours un pour la remettre à sa place, comme l’accrochage qui avait opposé à l’époque le président nigérian Obasanjo, alors président en exercice de l’UA, à Alpha Oumar Konaré. Ce dernier avait adopté une ligne de conduite plus ferme à l’égard du Togo, après le coup de force de Faure Gnansingbé, suite au décès de son père.

C’est ce qui explique qu’Alpha Konaré ait renoncé à solliciter un second mandat largement à sa portée. On comprend d’ailleurs pourquoi, lui qui aime donner son point de vue, s’est enfermé dans un silence académique depuis.

Enfin, que peut l’UA depuis la mort de son principal bailleur de fonds, Mouammar Kadhafi?

Selon le rapport d’information de M. Josselin de Rohan, fait au nom de la commission des affaires étrangères et de la défense le 28 février 2011, «sur l’ensemble de son budget de 250 millions $, seuls 45 millions $ proviennent des contributions des États membres». Principaux bailleurs: le «club des cinq» (Afrique du Sud, Algérie, Égypte, Libye, Nigeria), chaque pays versant 15% de la partie «africaine» du budget. Les Libyens seront-ils aussi généreux qu’avant? Et les autres «puissances»…africaines?

Assurément, la révolution attendue n’est pas pour demain!

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