En désavouant les deux grands partis traditionnels et en accordant une solide seconde place à la gauche radicale, avec une montée de l’extrême-droite en prime, les Grecs auraient voté dimanche «contre l’austérité». Les plans de sauvetage économique de la Grèce, voire son avenir dans la zone euro, s’en trouveraient menacés.
En réalité, il s’agit de sauver les banques (françaises, allemandes et autres) qui ont prêté à la Grèce. L’État grec lui-même pourrait probablement déclarer faillite, effacer sa dette et recommencer à zéro – avec ou sans l’euro – en ne comptant à l’avenir que sur ses revenus de taxes et d’impôts, sachant qu’il ne pourrait plus emprunter sur les marchés internationaux.
Il serait étonnant que les gouvernements précédents n’aient pas déjà calculé les avantages et les désavantages d’une telle décision, mais, comme ils n’ont pas agi en ce sens, c’est sans doute qu’ils ne sont pas heureux des résultats de ces calculs.
Cette option – le bouton «reset» – est moins intéressante pour la plupart des autres gouvernements qui croulent sous les dettes, parce que celles-ci sont en grande partie détenues par des institutions nationales: ce sont leurs propres banques et fonds de pension qu’ils cesseraient de rembourser.
Les analyses de la victoire, en France ce même 6 mai, du socialiste François Hollande contre le président Nicolas Sarkozy, mentionnent aussi cette impopularité de ce qui passe en Europe pour «l’austérité» (en réalité: la discipline budgétaire), puisque Hollande veut renégocier le pacte budgétaire européen pour y ajouter un volet «croissance».