J’ai un ami québécois dont le fils, à 28 ans, a épousé une copine d’université. Ils ont tous les deux un bon emploi, viennent d’acheter leur deuxième maison, et attendent la naissance d’un enfant le mois prochain. La copine, née au Québec, a des parents arméniens. Chrétiens, pas musulmans, mais définitivement à tendance Shafia…
Quand le fils de mon ami a annoncé à son futur beau-père qu’il emménageait avec sa fille (un fait accompli, car ils venaient chercher ses derniers effets), le bonhomme leur a littéralement claqué la porte au nez. On a compris qu’il était insulté que sa fille vive avec un non-Arménien et que celui-ci n’ait pas demandé la permission du père (qui aurait été refusée) selon la tradition.
La fille s’est aussi retrouvée coupée de sa mère et sa soeur. La mère à contrecoeur, la soeur apparemment encore plus maniaque que le père.
Cet isolement a duré quelques années. Le père et la mère (pas la soeur) sont venus au mariage à l’église, mais ils ne sont pas restés pour la réception.
On savait qu’une tante et un grand-père, plus modernes ou simplement plus décents, relayaient les dernières nouvelles de la fille à la mère. On a aussi appris que la soeur s’était mariée, avec un Arménien bien sûr.
Récemment, à l’occasion d’une fête pour les futurs parents, la mère s’est enfin manifestée, participant à l’organisation de la fête et demandant pardon d’avoir suivi aussi longtemps le diktat anachronique de son mari (que mon ami appelle désormais «un Shafia»).