Signes de vie chez les Libéraux

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Publié 17/01/2012 par François Bergeron

77% des 3000 participants au congrès du Parti libéral du Canada, en fin de semaine à Ottawa, ont voté pour la légalisation de la marijuana.

Il faudra bien que cela se fasse un jour: même les Conservateurs qui trippent sur la loi et l’ordre savent que la drogue est un problème de santé, pas de criminalité, et que sa prohibition anachronique cause plus de problèmes qu’elle n’en règle.

Les délégués à ce congrès libéral du «renouveau» et de la «reconstruction», comme l’a appelé le chef intérimaire Bob Rae, ont aussi adopté une proposition en faveur du mode de scrutin préférentiel.

Il s’agit d’un système dans lequel les électeurs indiquent leur 1er, 2e, 3e choix, etc. sur le bulletin de vote, pour finir par dégager une majorité pour l’élu dans chaque circonscription. C’est plus moderne qu’un système à deux tours, plus proche de nos traditions et plus respectueux de nos régions que la proportionnelle pure.

Malheureusement, 67% de ces mêmes délégués libéraux ont aussi voté pour le maintien de l’inféodation du Canada à la couronne britannique, malgré un plaidoyer de l’ancien chef Michael Ignatieff pour que le PLC fasse tout pour reconquérir le coeur des Québécois.

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Selon lui, les Conservateurs négligent le français et ont fait une croix sur le Québec. «Mais l’avenir du Parti passe par le Québec. L’avenir du Canada passe par le Québec», a-t-il lancé. Ce n’est pas l’attachement à la monarchie qui convaincra les Québécois de délaisser le NPD (encore moins le Bloc) au profit des Libéraux.

Oui, il y a des problèmes (économiques, financiers) plus pressants que l’élimination du dernier symbole suprémaciste anglo, mais la réforme constitutionnelle fait partie des devoirs des gouvernements fédéral et provinciaux. S’abstenir d’en discuter est un manquement.

Primaires libérale

Par ailleurs, les militants libéraux ont proposé que tous les «partisans» ou «sympathisants» du parti, et non plus seulement les membres en règle, puissent choisir le prochain chef. Ils ont cependant refusé d’appeler ça des élections «primaires» – trop américain – car on ne veut pas qu’un tel vote se tienne dans une province ou une région après l’autre, comme aux États-Unis.

«Sinon, on risque que l’Île-du-Prince-Édouard devienne notre Iowa», a-t-on mentionné, en faisant allusion au fait que le cirque des élections primaires américaines, menant au choix du candidat de chaque parti en vue de l’élection présidentielle, débute toujours en Iowa, un petit État atypique de fermiers conservateurs religieux. Cela détournerait les candidats des vrais enjeux.

Le futur chef a le pouvoir d’inclure ou d’écarter les résolutions votées par les militants lorsque vient le temps d’élaborer le programme électoral du Parti. Bob Rae en a d’ailleurs accueilli quelques-unes, comme la légalisation de la marijuana, avec une certaine réserve.

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Mais il avait plaidé pour cette ouverture du Parti libéral à tous les électeurs pour le choix du chef, en 2013. (La désignation des candidats libéraux dans chaque circonscription, de même que la participation aux congrès d’orientation, resteraient réservées aux membres.)

C’est une excellente initiative. Adhérer à un parti politique en achetant une carte de membre et en participant aux activités n’est plus à la mode. On peut le déplorer, comme on déplore que les jeunes lisent moins ou pratiquent moins de sports que la génération précédente, mais c’est comme ça.

L’expérience montre qu’il est difficile, voire risqué, pour les adversaires de tenter de manipuler le choix du chef d’un autre parti – la principale crainte de ceux qui préfèrent le vieux système. Le plus important, c’est que la possibilité de participer au choix du chef soit susceptible d’intéresser les citoyens ordinaires au processus politique et au parti qui leur adresse cette invitation, en plus d’éviter que le parti choisisse quelqu’un de complètement déconnecté de la réalité sur le terrain.

Encore faut-il, bien sûr, que le PLC ait encore sa place sur l’échiquier politique, un programme actuel et cohérent, et que des individus compétents et éloquents soient candidats.

Collaboration PLC-NPD

En acceptant le poste de chef intérimaire, après la défaite historique du 2 mai dernier et la démission immédiate de Michael Ignatieff, Bob Rae avait accepté les conditions qui y étaient attachées, dont celle de ne pas être candidat au leadership. Le nouvel exécutif, présidé par Mike Crawley (qui a défait Sheila Copps lors d’un vote serré) pourrait – devrait – réviser ces règles.

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Bob Rae, en effet, s’acquitte avec brio, jusqu’à maintenant, de sa tâche de représentation et de reconstruction du parti, de même que de son travail parlementaire avec sa trentaine de députés. Tant mieux si d’autres personnalités fortes lui disputent la chefferie au cours d’une campagne stimulante.

Cet automne, les Libéraux ont eu le champ libre au Parlement, l’opposition officielle néo-démocrate étant occupée par sa propre course au leadership. Cela va changer au printemps. L’idée d’une éventuelle fusion ou collaboration des deux partis d’opposition, face aux Conservateurs majoritaires, va également continuer de faire son chemin.

Le Parti libéral du Canada n’est pas sorti du bois, mais ce congrès l’a revigoré.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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