Mouamar Khadafi contrôle toujours la capitale Tripoli et une bonne partie de la Libye, plus de 100 jours après le début de l’offensive militaire de pays de l’OTAN (France, Grande-Bretagne, États-Unis et Canada surtout) en appui à la rébellion qui contrôle notamment Benghazi et quelques ports pétroliers de l’est du pays.
Malgré les bombardements censés cibler ses postes de commandement et ses installations militaires, Khadafi passe régulièrement à la télévision et effectue quelques sorties en ville, jurant de mourir au combat, tandis que les rebelles ont formé un gouvernement provisoire, cherchent à recommencer à vendre leur pétrole et reçoivent des dignitaires étrangers.
Le 27 juin, John Baird, le ministre canadien des Affaires étrangères, les a rencontrés à Benghazi. Il s’est dit impressionné par leur engagement envers la démocratie (Khadafi continue d’affirmer que l’opposition est infiltrée par al-Qaïda) tout en reconnaissant que la transition ne se fera pas du jour au lendemain et que le nouveau régime «ne sera pas parfait».
Cette mise en garde est appropriée, considérant les changements moins radicaux que prévu apportés jusqu’à maintenant par les révoltes en Tunisie et en Égypte, les réformes plutôt cosmétiques que le «printemps arabe» a suscitées en Jordanie, Algérie, Maroc, et les violences qui se poursuivent au Yémen et en Syrie.
La chute du communisme en Russie et en Europe de l’Est a été plus nette en 1989-90. Mais dans ces pays-là aussi, un grand nombre de gens, qui s’imaginaient retrouver instantanément une prospérité à l’occidentale, ont déchanté. C’est en décennies et en générations qu’on mesure le vrai progrès économique et social, bien que la satisfaction d’avancer dans la bonne direction est incommensurable.