Le scrutin de lundi est un référendum sur les Conservateurs de Stephen Harper. Sauf qu’on ne vote pas simplement oui ou non. Au lendemain du 2 mai, il faudra interpréter la volonté des Canadiens, plus nuancée que les slogans simplistes des partis, à partir des résultats des 308 circonscriptions.
Évidemment, si les Conservateurs décrochaient une importante majorité de sièges avec plus de 40% des suffrages exprimés, ce serait clair.
Si, au contraire, les forces combinées des Libéraux, Néo-Démocrates, Verts et Bloquistes, ayant obtenu ensemble plus de 60% du vote, dépassaient de beaucoup le nombre d’élus conservateurs, ces derniers devront céder le pouvoir à cette «coalition» tant décriée… à condition bien sûr que tout ce beau monde arrive à s’entendre sur le choix du premier ministre et sur quelques grandes priorités.
Un problème de légitimité se posera si, grâce à une bonne performance du NPD au détriment du Bloc au Québec et des Libéraux ailleurs au pays, les Conservateurs remportaient plus de sièges que la dernière fois, voire une mince majorité, avec à peine le tiers des suffrages.
Il faudra également surveiller la participation. Si le vote par anticipation est un indicateur, elle serait supérieure à celle (anémique) de 2008. Mais s’agit-il d’une vague bleue ou orange? Un réflexe de défense de la stabilité politique et économique de la part des électeurs conservateurs, qui n’auront jamais si bien porté leur nom, ou, au contraire, l’expression d’un ras-le-bol contre ce gouvernement et son chef, son style abrasif et ses entorses à la démocratie, ses erreurs et ses priorités qui ne seraient pas toujours celles de la majorité des citoyens?