Une vaguelette d’indignation a accueilli la décision de la gouverneure générale Michaëlle Jean d’acquiescer instantanément à la demande du premier ministre Stephen Harper de prolonger le congé de Noël des parlementaires jusqu’au 3 mars, au lieu de la date de retour prévue du 25 janvier, afin de profiter pleinement des Jeux olympiques de Vancouver en février.
La prorogation du Parlement fait cependant un peu plus que simplement repousser les travaux et les débats de nos élus fédéraux, elle y met fin et repart à zéro les compteurs d’une nouvelle session. Cela signifie que les projets de loi encore à l’étude doivent être représentés et que les comités parlementaires doivent être reconstitués et se doter de nouveaux agendas.
Harper affirme avoir besoin de ce hiatus pour réévaluer la conjoncture économique et préparer l’important budget de sortie de crise qu’il déposera dès l’ouverture de la nouvelle session. Il appelle ça un «nouveau départ». Ça se défend, bien que l’argument des Jeux olympiques suffisait: le Canada n’accueille cet événement international que rarement; les JO ont le droit de monopoliser l’attention pendant deux semaines.
Le chef libéral Michael Ignatieff se dit furieux de cet affront à la démocratie. Les nouvelles publicités libérales montre un Parlement clôturé et sous-entendent qu’on frôle la dictature. Mais, échaudés par des sondages défavorables, suite notamment à leur intention annoncée de faire tomber le gouvernement conservateur à la première occasion, les Libéraux ont reculé et refuseront de précipiter la tenue d’élections générales (dont ne voudrait pas non plus le NPD) d’ici le 3 mars ou après retour de la Chambre.
Car ces mêmes Canadiens, qui seraient si inquiets pour l’avenir de notre démocratie, seraient allergiques aux élections au point qu’aucun de nos chefs politiques, incluant Stephen Harper, ne veut porter «l’odieux» du déclenchement d’élections «prématurées».