Le grand soulèvement populaire qui a suivi l’annonce de la victoire écrasante de Mahmoud Ahmadinejad aux élections présidentielles du 12 juin en Iran, parmi des accusations de fraudes, d’irrégularités et d’infractions, est allé bien au-delà des enjeux mêmes de ces élections. Celles-ci mettaient en compétition des candidats qui avaient déjà fait leur preuve en exerçant des fonctions clés au sein du régime clérical issu de la révolution de 1979.
Ce mouvement de contestation en scandant des slogans tels que «marg bar dictator» (mort au dictateur) a pris l’ampleur d’un véritable débordement qui en dit long sur la gravité de la crise que connaît aujourd’hui la société iranienne, trois décennies après l’usurpation du pouvoir par le clergé fondamentaliste.
Mir Hossein Moussavi, le chef de l’opposition, a été le premier ministre de la République islamique d’Iran de 1981 à 1989, une période pendant laquelle, sous prétexte de la guerre contre l’Irak, toutes les forces politiques laïques ou religieuses dissidentes qui avaient participé au renversement du régime du Shah ont été brutalement écartées et réduites au silence les unes après les autres.
C’est au cours de cette période sanglante caractérisée par des exécutions sommaires des opposants, leur emprisonnement en masse ou leur fuite à l’étranger que la République islamique s’est imposée comme appareil d’État.
Despotisme religieu
Surpris par l’ampleur insoupçonnée des manifestations de ces derniers jours qui se sont soldées jusqu’à présent par une vingtaine de morts et plusieurs centaines d’arrestations, M. Moussavi s’est pressé d’affirmer que son objectif n’était pas de renverser ou d’affaiblir la République islamique, mais plutôt de la débarrasser de ses mensonges et de ses hypocrisies.