Ces Tamouls qui bloquent nos rues

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Publié 12/05/2009 par François Bergeron

Lundi matin, soit quelques heures après la manifestation tamoule qui a bloqué l’autoroute Gardiner dans les deux sens dimanche soir, et quelques jours après celle qui a bloqué l’avenue University, j’ai reçu une belle lettre d’invitation de la Police de Toronto aux célébrations, le 28 mai, du Mois de l’héritage asiatique, dans le foyer du quartier-général de la Police.

Ce n’est pas la Police qui organise ces festivités, qui sont pan-canadiennes, mais son «Unité de mobilisation communautaire» y participe avec enthousiasme. Je ne sais pas si les autres unités partagent ce sentiment, notamment celle du contrôle des foules et des émeutes.

Cette année, l’événement met en vedette quatre pays «dont les immigrants ont contribué à la prospérité du Canada, etc, etc»: la Malaisie, le Pakistan, l’Inde et, vous l’aurez 
deviné, le Sri Lanka!

Car nos Tamouls, qui entravent notre précieuse circulation automobile, viennent du Sri Lanka, l’ancien Ceylan, une île de 20 millions d’habitants située à la pointe de l’Inde. Les Tamouls y constituent environ 15% de la population. Ils sont en guerre depuis une trentaine d’années contre la majorité cingalaise… pour des raisons qui tiennent à ce que le gouvernement du Sri Lanka n’a jamais valorisé, comme le Canada, le bilinguisme, le multiculturalisme et la diversité en général.

Les réfugiés de cette guerre sont apparemment restés tout aussi engagés envers leur cause séparatiste, brandissant le drapeau des Tigres, leur milice fichée comme «terroriste» par notre gouvernement et celui d’autres pays occidentaux. Ils se retrouvent en grand nombre à Toronto et à Londres, en Angleterre, où ils étaient 100 000 à défiler dans les rues il y a quelques semaines.

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En tant que francophones de Toronto, souvent gêné de la faible participation à nos activités culturelles, je ne peux qu’admirer la capacité phénoménale de mobilisation de cette communauté. Peut-être que si c’était, pour nous aussi, une question de vie ou de mort…

À Ottawa, quelques milliers d’entre eux ont aussi campé devant le Parlement, récemment, pour exiger… quoi au juste? Que le Canada dénonce le «génocide» perpétré contre les Tamouls au Sri Lanka? Que le Canada fasse pression sur le gouvernement sri-lankais? Des pressions diplomatiques? économiques? militaires?

Le «génocide» en question est en réalité la défaite imminente des Tigres, cernés par l’armée sri-lankaise sur une étroite langue de terre au nord-est du pays. Les populations civiles (tamoules) sont touchées par les attaques de l’armée, mais – se sachant surveillé, justement, par la communauté internationale – le gouvernement sri-lankais prétend ne pas utiliser d’armes lourdes et affirme chercher la reddition plutôt que la destruction des insurgés.

Malheureusement, les Tigres tamouls, inventeurs de la ceinture d’explosifs à l’intention des commandos-suicide, jurent de mourir plutôt que de se rendre, sans égard aux victimes civiles.

La douleur des Tamouls face à ce qui se passe dans leur pays d’origine est réelle – d’autres groupes sont dans le même cas – mais ils n’aident pas leur cause auprès des autres Canadiens en bloquant les rues et en perturbant nos activités.

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Ni leur cause, ni celle du multiculturalisme, ni même celle d’une immigration diversifiée. Car, face à de tels événements, les autres Canadiens – d’aucuns diront les «vrais» Canadiens – ne peuvent que s’interroger sur la valeur de l’immigration en provenance des pays trop différents du nôtre et où font rage des conflits qui risquent d’être importés chez nous.

Le ministre fédéral Jason Kenney en a indisposé plusieurs, récemment, en suggérant qu’on devrait consacrer plus d’efforts à l’intégration des immigrants, en commençant par accepter en priorité ceux qui sont plus facilement assimilables – par exemple ceux qui parlent déjà anglais ou français. C’est un thème que le gouvernement ne devrait pas hésiter à développer.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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