À la suite de l’entente conclue entre les partis libéral et conservateur au mois de mars de retirer les troupes canadiennes de l’Afghanistan à la fin de 2011, le débat sur l’engagement militaire du Canada dans ce pays ne figure pas parmi les enjeux des élections fédérales du 14 octobre. Mais on ne peut pas éviter de se poser cette question: si il serait irresponsable et immoral pour le Canada de retirer ses soldats immédiatement, comme le réclame une majorité des Canadiens selon les sondages, pourquoi un tel retrait serait-il justifié en 2011?
À en juger par la multiplication des attaques et attentats perpétrés par les insurgés contre les forces de l’OTAN au cours de ces derniers mois, la perspective d’établir la paix, la sécurité et la démocratie en Afghanistan ne fait que reculer au fur et à mesure que ce pays s’enfonce dans une situation de plus en plus chaotique.
Pourquoi donc risquer davantage la vie des soldats canadiens dans une guerre interminable qui leur a déjà coûté une centaine de victimes?
Dans la foulée des événements qui ont suivi l’attaque terroriste du 11 septembre 2001, l’invasion de l’Afghanistan par une coalition des forces dirigées par les troupes américaines a effectivement permis de déloger les Talibans. Mais ces derniers ont depuis été capables de se regrouper, d’étendre leur contrôle au sud et à l’est du pays. La porosité de la frontière avec le Pakistan leur permet de s’y réfugier ou de s’y approvisionner et de privilégier une tactique de guerre sous forme de guérilla, avec un fort penchant pour des attaques kamikazes d’une efficacité parfois surprenante, comme lors de l’évasion massive d’un millier de prisonniers à la prison de Kandahar en juin dernier.
Aucun des objectifs que s’était fixés Georges W. Bush quand il a décidé d’envahir l’Afghanistan en octobre 2001 n’a été atteint à ce jour. En particulier, Mullah Omar, le leader des Talibans, et Oussama Ben Laden, le chef d’Al-Qaïda, n’ont pas été arrêtés ou tués.