Le candidat démocrate Barack Obama affirme avoir vu pire, mais son organisation est furieuse du dessin qui a été choisi par le magazine The New Yorker pour illustrer un reportage sur «les politiques de la peur» en couverture du dernier numéro. Même son adversaire républicain John McCain compatit…
L’illustration satirique de Barry Blitt, qui a fait le tour du monde, habille Barack Obama en musulman dans un bureau ovale de la Maison Blanche où un drapeau américain brûle dans la cheminée et décoré d’une photo d’Oussama Ben Laden. Il salue du poing sa femme Michelle, Panthère noire en tenue de combat, Kalachnikov à l’épaule.
L’article de 18 pages recense et dénonce les efforts d’ennemis du premier candidat noir à la présidence des États-Unis visant à accentuer ses origines «étrangères» (son père kenyan était musulman) et ses idées «radicales» (acquises au contact de son pasteur et de son épouse) afin d’entretenir le doute sur son patriotisme et ses valeurs, voire sur son équilibre mental.
Les lecteurs du New Yorker – et bien d’autres, peut-être la majorité des gens – reconnaîtront immédiatement la caricature pour ce qu’elle est: une satire, non pas de la personnalité de Barack Obama, mais bien des phobies et des machinations de certains de ses détracteurs. Plusieurs de ses partisans calculent toutefois que ce message ne sera pas universellement bien compris et que la diffusion de cette image lui fera du tort.
Ces inquiétudes sont fondées sur la puissance supérieure de l’image sur le texte, de la forme sur le contenu, du médium sur le message, dans nos sociétés modernes. La même analyse sans illustration aurait suscitée peu de réactions; en fait, les Démocrates auraient applaudi. D’ailleurs, d’autres organes d’information, à commencer par le site Internet de Barack Obama, avaient déjà entrepris de répliquer aux attaques sur la culture «réelle» ou l’agenda «secret» du candidat.