Le fondateur de Médecins sans frontières, Bernard Kouchner, aujourd’hui ministre des Affaires étrangères dans le nouveau gouvernement français, a été l’un des grands promoteurs de l’interventionnisme des pays civilisés dans les régions où sévissent des crises humanitaires.
Cette idée (française?), inimaginable pendant la Guerre Froide, a connu son heure de gloire à l’approche de l’an 2000. La communauté internationale a eu honte de son immobilisme pendant le génocide rwandais de 1994. C’est ce sentiment, entre autres, qui a motivé l’OTAN à se porter à la défense des Kosovars menacés d’extermination par les Serbes en 1999.
Depuis un an ou deux, les massacres et les déplacements de populations au Darfour (Soudan) placent cette région en tête de la liste des candidates à une intervention étrangère, qui prendrait ici la forme d’une interposition de casques bleus africains ou occidentaux entre les milices pro-gouvernementales et les rebelles locaux.
Idéalement, de telles missions seraient bien accueillies par les gouvernements qui auraient perdu le contrôle de la situation dans une province sinistrée. Mais comme ces gouvernements sont souvent les plus grands coupables de la crise – c’était le cas au Rwanda et en Serbie et c’est le cas aujourd’hui au Soudan – ils s’opposent à toute intervention étrangère au nom du respect de leur souveraineté.
Par ailleurs, certaines nations où peuvent encore se produire de sérieux dérapages, comme la Chine et la Russie (qui jouissent d’un droit de véto au Conseil de sécurité des Nations unies), sont tout simplement trop puissantes pour qu’on puisse envisager d’y envoyer qui que ce soit sans leur autorisation.