Le vice-président des États-Unis, Dick Cheney, qui serait le véritable chef du régime au pouvoir à Washington, a effectué une visite non-annoncée au Pakistan et en Afghanistan à la fin de février.
Un attentat-suicide qui a fait une vingtaine de morts à la base de Bagram, près de Kaboul, où se trouvait M. Cheney au lendemain de sa rencontre avec le président pakistanais Pervez Musharraf à Islamabad, a permis aux Talibans de démontrer qu’ils étaient parfaitement au courant de ses déplacements.
M. Cheney était venu admonester le gouvernement pakistanais qui, aux yeux de Washington, n’en fait pas assez pour combattre les Talibans afghans opérant depuis le nord du Pakistan, une région dominée par des clans tribaux où se cacheraient peut-être aussi des dirigeants d’Al-Qaïda, dont le plus célèbre des fugitifs, Oussama ben Laden.
Au lieu de l’insulter et de le menacer, les dirigeants américains devraient écouter Pervez Musharraf, l’une des personnalités les mieux placées pour comprendre les causes du terrorisme et prescrire des solutions.
Le général Musharraf a pris le pouvoir en 1999 à la faveur d’un coup d’État contre un régime démocratique que personne ne tenait en haute estime. Il a pris la difficile décision en 2001 d’appuyer l’intervention américaine qui a renversé le régime taliban en Afghanistan. Difficile pour lui parce que la grande majorité des Pakistanais étaient alors – et sont toujours – solidaires des islamistes qui avaient combattu l’occupation soviétique de 1979 à 1989 et qui avaient refusé de livrer ben Laden aux Américains au lendemain des attentats du 11 septembre 2001.