Le scandale du détournement des commandites du ministère des Travaux publics servant à faire la promotion du fédéralisme au Québec de 1997 à 2001, ressuscité par la récente enquête de la vérificatrice générale, a ravivé dans certains milieux canadiens-anglais le sentiment que la province francophone est indûment favorisée par un gouvernement fédéral qu’elle contrôle et corrompt.
Or, cette affaire expose au contraire la corruption des moeurs politiques du Canada anglais, capable de toutes les bassesses pour contrer un nationalisme québécois moralement supérieur et culturellement plus solide que le nationalisme canadien, qui repose encore sur l’illusion d’un pays véritablement bilingue.
Voici, en vrac, divers aspects de la désinformation et de la polémique que suscite ce scandale :
• L’affaire n’est pas nouvelle: au Parlement, le Bloc Québécois a posé plus de 400 questions au gouvernement libéral sur le programme des commandites depuis sa création. Les autres partis n’osaient pas s’opposer à un programme qui participait au «plan B» – la fermeté et la duplicité envers le Québec, populaire au Canada anglais – visant à inciter les Québécois à rejeter la souveraineté.
• Le Parti Libéral est majoritaire au Parlement grâce à l’Ontario, qu’il domine presque totalement, pas grâce au Québec, où il ne gagne que la moitié des sièges – dont ceux où les anglophones et les immigrants sont plus nombreux qu’ailleurs. Ce sont les anglophones de l’Ontario qui dirigent le pays, pas une cabale de Québécois francophones.
• Le Québec est la première province à avoir réglementé et assaini le financement des partis politiques. Seuls les individus peuvent contribuer, jusqu’à une certaine limite, à un parti politique québécois (ou au camp du oui ou du non lors d’un référendum), et cette contribution est obligatoirement rendue publique. Il serait intéressant de retracer la portion des 100 millions $ de frais et de commissions, facturés par les agences de publicité au programme de commandites, qui s’est éventuellement retrouvée dans les coffres du Parti Libéral.