Un peu… d’humeur!

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Publié 23/01/2007 par Darnace Torou

Quel pied de nez à l’Histoire! M. Pinochet trouve le moyen de tirer sa révérence le 10 décembre 2006, paisiblement. En dépit des 300 plaintes à son encontre! Le 10 décembre, c’est la Journée des droits de l’homme! Pour un homme qui n’a pas respecté le droit à la vie, à l’intégrité physique de ses congénères, cela peut choquer. La fille d’une ancienne victime, devenue entre-temps présidente démocratiquement élue, avait toutes les raisons de ne lui offrir, que les funérailles… militaires. Au moins son bras armé lui rendra les horreurs dues à son rang de général pas généreux avec la vie des autres…

Nombreux sont ceux qui, au nom de la dé-raison d’État, ont étouffé le minimum auquel leurs peuples aspiraient. En Afrique, on peut évoquer deux noms, deux hommes qui ont cessé d’exercer le pouvoir par la force du fusil ou de la terreur: le Colonel Mengistu Hailé Mariam, l’empereur rouge et le Camarade-Président Al Hadj Hissein Habré, grand «marxiste» maoïste par le verbe mais social-réaliste puisque son portefeuille est resté bien à droite!

Mengistu faisait payer, paraît-il, par le peuple, les balles utilisées par l’armée «populaire et révolutionnaire» contre les étudiants petits bourgeois et réactionnaires. Oui, le peuple devait réprimer sa progéniture. Violemment. M. Habré, lui, a laissé quelque 40 000 morts, sans compter les victimes «collatérales». Comme au Chili. Puisque il y a eu les salles de torture, les fosses communes, les experts et autres coopérants étrangers, mais amis de la République et soucieux de la… démocratie.

Comme M. Pinochet (mais lui au moins a été inquiété par la justice britannique), ils vont s’éteindre un jour (le crayon de Dieu n’ayant pas de gomme) dans leur pays d’accueil. Paisiblement! Sans avoir expliqué le «pourquoi» de leur violence contre leur propre «peuple»! Il ne faut pas oublier que derrière ces bourreaux, il y a les grands pays, très démocratiques (certains font de la sous-traitance en matière de torture pour obtenir quelques précieux renseignements) qui, officiellement, luttent contre des pratiques moyenâgeuses mais… soutiennent les régimes «amis». Comme Mobutu du Zaïre.

On aime les droits humains! Droits à la vie; à l’alimentation; à l’éducation; bref… Mais seulement, tout le monde s’interroge sur la destination commune de notre humanité. Du moins certains. Comme la très sérieuse Banque mondiale qui annonce que «d’ici à 2030, environ 1,2 milliard de personnes dans des pays en développement appartiendront à une classe moyenne globale, une hausse par rapport aux 400 millions d’aujourd’hui…»

Mais en attendant, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) dit, dans son rapport 2006 intitulé Au-delà de la pénurie: pouvoir, pauvreté et crise mondiale de l’eau, lancé le 9 novembre 2006 au Cap, en Afrique du Sud, que: «Chaque année, 1,8 million d’enfants meurent de diarrhée qui pourrait être évitée avec l’accès à l’eau potable et à une toilette; 443 millions de jours de scolarité sont perdus à cause de maladies liées à l’eau; et presque 50 % de toutes les personnes se trouvant dans des pays en développement souffrent à un moment donné d’un problème de santé causé par une pénurie d’eau et d’installations sanitaires…»

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Constat de mauvais goût pour ne pas troubler les bonnes consciences! Avec un humour douteux! Qu’à cela ne tienne. Mais comment faire, pour éviter la dépression si l’on se veut un peu… responsable? «On» encourage partout la démocratie, dans le monde. Démocratie dans son acception noble.

Et pourtant! pourtant, comme chanterait Aznavour! «On» aide certains amis à se maintenir au pouvoir, comme l’observe judicieusement le journal Le Pays, du Burkina Faso (Edition du N°3768 du 13/12/2006 ): «.. En Centrafrique, ce sont les anciens alliés du général-président Bozizé, ceux-là mêmes qui l’avaient aidé à déboulonner Ange Félix Patassé, qui lui en veulent à mort aujourd’hui.

Au Tchad, ce sont les anciens crocodiles d’un même marigot qui se livrent à une bataille féroce.» Tragédie au sens pascalien du terme, «on» renie aux peuples leur choix dicté par leurs exigences… démocratiques.

Au fait, que diable cherchaient ces Palestiniens en élisant le Hamas, par exemple? Ou ces Vénézuéliens avec leur Chavez, «celui qui ose donner du gasoil en hiver aux pauvres du pays le plus riche du monde». La démocratie du plus fort est toujours la meilleure, chantait Alpha Blondy. En attendant la vraie démocratie, gardons-la tête froide. Avec quoi? Avec un peu de cynisme et beaucoup de bonne humeur. Pour que les plus jeunes, ceux à qui nous empruntons l’avenir, soient moins cyniques.

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