Stéphane Dion était le meilleur choix des Libéraux, qui ont désormais autant de chances que les Conservateurs de Stephen Harper de faire élire un gouvernement majoritaire aux prochaines élections.
Les délégués libéraux ont fait preuve d’une maturité rafraîchissante, en fait complètement atypique et inattendue, en faisant fi de considérations superficielles comme les lunettes de professeur et l’accent québécois en anglais pour rejeter deux vedettes de «l’establishment» beaucoup mieux financées.
Les Conservateurs semblent eux aussi avoir été pris au dépourvu: leurs premiers commentaires, à l’effet que Stéphane Dion représenterait l’antithèse du renouvellement pour le Parti Libéral et n’aurait pas accompli grand chose comme ministre de l’Environnement, sont plutôt faibles. Comble de l’hypocrisie: ils sont même allés jusqu’à dénoncer le fait que Stéphane Dion a laissé les députés libéraux libres de voter selon leur conscience sur un «droit fondamental» comme le mariage gai, alors qu’eux-mêmes votaient librement pour l’éliminer!
Le nouveau chef du Parti Libéral du Canada n’a aucun gros handicap que les Conservateurs auraient su exploiter. Michael Ignatieff avait commis trop d’erreurs de jugement, Bob Rae avait ruiné l’Ontario, Gerard Kennedy ne possédait aucune expérience sur la scène fédérale. De plus, Stéphane Dion a été épargné par le scandale des commandites et il n’a pas participé à la guerilla Chrétien-Martin.
Son programme n’est pas très original et reste vague – qui ne souhaite pas la paix dans le monde, la prospérité réconciliée à la justice sociale et à la protection de l’environnement, avec l’unité nationale en prime? – mais, plus centriste et traditionnel, le programme libéral a l’avantage d’exiger moins d’explications, de justifications et de garanties que celui des Conservateurs. Ces derniers pourront cependant rappeler que leur parcimonie et leurs réductions de taxes et d’impôts procèdent d’un plus grand respect envers les contribuables et d’une saine volonté de circonscrire la bureaucratie.