Alors que Fred Pellerin s’apprête à entamer dès janvier 2016 une première tournée où il accrochera – provisoirement – ses patins de champion conteur pour assumer tout à fait son statut d’auteur-compositeur interprète, les étudiants de Parlons chanson avec Dominique Denis ont profité de son récent passage à Toronto, dans le cadre du Coup de cœur francophone, pour lui demander de parler de la chanson Ovide, point d’orgue de cet album magistral qu’est Plus tard qu’on pense.
Est-ce qu’il y a une frontière claire entre la magie de votre art et la réalité de votre vie, ou est-ce qu’elles s’entremêlent?
Je travaille à les entremêler le plus possible. Il est là, mon bonheur. Des fois, c’est en prenant la réalité pis en la transformant, et des fois c’est en prenant de la magie et en essayant de la rentrer dans la réalité. Par exemple, je prends l’histoire réelle du village pis je la transforme pour en faire des légendes.
Parfois, c’est l’inverse : dans mon village, il y a un arbre immense où il y a des bonbons – des paparmanes – qui poussent, et il y a quelqu’un qui a un salaire pour s’occuper de mettre des bonbons dans l’arbre, et tous les enfants du village cueillent des bonbons sans se poser la question de savoir où on prend les bonbons. Pour eux, il y a un arbre à bonbons.
Après, il y a la traverse de lutins : c’est une pancarte qui indique où les lutins traversent, et qui oblige les automobilistes à ralentir. Cette traverse a été approuvée par le gouvernement du Québec. Ça, c’est de la subversion, du déjouage de sens et de l’enjolivure sur le réel.